SURVOL DES ACTIVITÉS
DE L’OBSERVATOIRE DE LYON
ENTRE 1879 ET 1976

I - Introduction

      La création de l’Observatoire de Lyon est décidée le 11 mars 1978 et confiée à Charles André, premier directeur. Les bâtiments sont élevés à partir de 1879.
     On trouvera dans les présentes pages une chronologie détaillée de l'Observatoire et des recherches qui s'y sont faites. Pour ce qui concerne l'aspect sociétal, et les diverses péripéties qui ont marqué la vie de l'établissement, on trouvera plutôt cela, toujours sur le site de Séléné, dans l'article Histoire de l'Observatoire.

II - Direction de Charles ANDRÉ (1879-1912)

1 - Personnel

      Le personnel comprend 5 à 7 personnes jusqu’en 1912. Les astronomes recrutés avant 1912 ayant exercé à l’Observatoire pendant au moins dix ans sont les suivants :

2 - Bâtiments

3 - Instruments scientifiques

3.1 - Instruments astronomiques

3.2 - Instruments météorologiques

      Entre 1880 et 1883, divers petits instruments météorologiques, certains portatifs d'autres fixés dans un abri météorologique standard, ont été installés à l'Observatoire. Il s'agissait de thermomètres, baromètres, pluviomètres, anémomètres, enregistreurs de l'ensoleilement, etc.

3.3 - Instruments de géomagnétisme

      Appareils électriques et magnétiques enregistreurs : pour l’étude de l’électricité atmosphérique et du magnétisme terrestre. Ces appareils sont mis en place en 1883. En 1887, le magnétographe photographique Mascart est transporté au pavillon du Magnétisme.

4 - Activités scientifiques et tâches de service

4.1 - Observations astronomiques

• aux méridiens : création ou révision de catalogues de positions d’étoiles
• aux équatoriaux :
  
  • observations régulières des taches solaires, d’étoiles doubles ou multiples, des occultations d’étoiles ou de planètes par la Lune,… Observation d'étoiles variables avec l'équatorial Coudé à partir de 1897.
  • observations planétaires : Mars, planètes joviennes, satellites de Jupiter, astéroïdes, …
  • observations accidentelles : comètes, éclipses, passages de Mercure devant le Soleil, essaims de météorites, …

4.2 - Service horaire de la Ville de Lyon

      Les observations sont faites au cercle méridien dès 1880.

4.3 - Service de météorologie et de physique du globe

      Les relevés météorologiques sont effectués dès 1880, des études d’électricité atmosphérique et de magnétisme terrestre commencent en 1883, et comportent des expériences aériennes en ballon libre.

4.4 - Observations et travaux de laboratoire

      A partir de 1910 : travaux de photométrie au sidérostat, installé à l’entrée Nord de la grande galerie : phénomènes atmosphériques (absorption sélective, scintillation), étude photométrique de systèmes doubles ou multiples, …

III - Direction de Jean MASCART (1912-1932)

1 - Personnel

      Le personnel comprend 8 à 9 personnes en moyenne, sauf pendant la première guerre mondiale. Les astronomes recrutés entre 1912 et 1932 ayant exercé à l’Observatoire pendant au moins dix ans sont les suivants :

      J. Fournel est jardinier de 1926 à 1932.

2 - Bâtiments

      Une seule construction notable durant cette période : la coupole dite "tonneau", qui accueille l'équatorial Eichens-Gautier de 150 mm d'ouverture.

3 - Instruments scientifiques

• 1920 : acquisition d’une lunette azimutale de 80 mm d’ouverture pour l’observation des étoiles variables.
• 1923 : acquisition d’une chambre photographique Zeiss de 170 mm d’ouverture et de 1,2 m de distance focale : installée sur l’équatorial Brünner.
• 1924 : installation du Sidérostat au Nord de la petite salle méridienne, pour lui permettre un champ d’observation plus étendu sur le ciel.
• 1920-1930 ? : installation de l'équatorial Eichens-Gautier de 150 mm.
• Dans cette période, acquisition ou création de divers photomètres, spectrophotomètres, spectrographes, etc. Premiers travaux d’Astrophysique à l’Observatoire.

4 - Activités scientifiques et tâches de service

4.1 - Observations astronomiques

• Aux méridiens : création de catalogues de positions d’étoiles : achèvement d’un catalogue de position d’étoiles variables (1910-1926), mise en route d’un catalogue de position d’étoiles doubles en 1912, et d’étoiles variables en 1928
• A l’équatorial Brünner : travaux divers : étoiles doubles et multiples, occultations d’étoiles par la Lune, satellites de Jupiter, comètes, éclipses, planètes… Cet instrument est le premier à avoir été équipé d’une chambre photographique (chambre Zeiss, 1923)
• A l’équatorial Eichens-Gautier : poursuite de l’observation des tâches solaires, commencée en 1882 (au Brünner ?)
• A l’équatorial coudé : observation des étoiles variables depuis 1905. Photométrie visuelle entre 1925 et 1929, photographique à partir de 1931
• Au sidérostat : travaux de photométrie (1910-1914), étude photométrique des étoiles variables (1919-1926 et après 1929), étude spectrophotométrique de la surface solaire (1920-1923), phénomènes atmosphériques : scintillation et turbulence (1921-1927)

4.2 - Service horaire de la Ville de Lyon

      Service horaire de la ville de Lyon : comme dans la période précédente. A partir de 1911, l’Observatoire reçoit tous les jours des dépêches horaires et météorologiques de Paris

4.3 - Service de météorologie et de physique du globe

      Service de météorologie et de physique du globe : efforts importants de J. Mascart pour développer cette activité. Création d’un service de météorologie agricole en 1913, et d'une station météorologique au Mont Pilat. Mais la météorologie régionale est confiée au nouveau centre de Bron dès le début des années 20. L’Observatoire poursuit néanmoins ses propres observations météorologiques et ses relevés de magnétisme terrestre.

4.4 - Publications

      Création du « Bulletin de l’Observatoire de Lyon » en 1913. Parution mensuelle. 14 années de parution : 1913, 1914, et 1920-1931. Cette revue publie les recherches lyonnaises et les observations de l’AFOEV (AFOEV = Association Française des Observateurs d’Etoiles Variables) créée en 1922

IV - Direction de Jean DUFAY (1932-1966)

1 - Personnel

      Le personnel scientifique passe de 6 chercheurs à près de 20 chercheurs entre 1932 et 1966. L’Observatoire accueille également de nombreux chercheurs visiteurs, boursiers de recherche ou bénévoles, dont F. Link (1933), de l’Université de Brno (Tchécoslovaquie), L. Hermann (dès 1933) rejoint par Mme R. Hermann, et de jeunes chercheurs de l’Institut franco-chinois de Lyon : S.P. Liau (à partir de 1933), Tien-Kiu et S.K. Wang (à partir de 1934), M.L. Tcheng (de 1936 à 1957).
Tableau des personnels recrutés entre 1932 et 1966 :

2 - Bâtiments

3 - Instruments scientifiques

3.1 - Instruments d'observation

3.2 - Instruments auxiliaires, détecteurs

      Utilisés après l’arrivée de J. Dufay en 1929 : 6 photomètres (4 visuels, 2 photographiques), 5 spectrographes, 1 polarimètre visuel font les observations entre 1929 et 1933. Au milieu des années soixante, vaste panoplie d'appareils à récepteurs photoélectriques : photomètres (dans le visible et l’infrarouge), polarimètre, etc.

3.3 - Instruments d'analyse des données

      Le premier d’entre eux est probablement le microphotomètre de Fabry et Buisson acquis par l’Observatoire en 1933 pour l'étude photométrique des clichés).

4 - Activités scientifiques

4.1 - Travaux d’astronomie de position et de météorologie

• Les observations méridiennes sont arrêtées en 1934, à l’achèvement du programme d’observation d’étoiles doubles commencé en 1912. Le catalogue de position d’étoiles variables commencé en 1928 n’a pu être achevé. De 1934 à 1947, Melle Bac, qui était chargée du service méridien, a réduit et rédigé (publié ?) ses observations méridiennes.
• Les observations visuelles des taches solaires sont interrompues en 1942, à la première mise à la retraite de Melle Bac (Melle Bloch ?) également chargée de ce travail.
• Les relevés de Météorologie et de Magnétisme sont poursuivis par Ph. Flajolet jusqu’à son départ à la retraite en 1944. A partir de cette date, c’est l’Office National Météorologique qui a assumé le fonctionnement de ce service à l’Observatoire, en y détachant successivement A. Prudhomme et J. Chassany. Fin 1954, la Météorologie Nationale a cessé de collaborer avec l’Observatoire.

4.2 - Etude des étoiles variables

• photométrie visuelle (surtout après 1929) et photographique (à partir de 1931).
• spectroscopie et spectrophotométrie stellaire à partir de 1934 : observation de Nova Herculis (1934), première d’une longue série de novæ observées par les lyonnais, Marie Bloch en particulier.

4.3 - Nouvelles recherches principalement initiées par J. Dufay

• Optique atmosphérique
  • étude spectroscopique de l’absorption atmosphérique (dès 1929) : spectres du ciel bleu au zénith, spectres du soleil couchant, de la Lune éclipsée, étude de laboratoire du spectre d’absorption de l’oxygène, etc.
  • étude spectrale de la haute atmosphère : composants chimiques, température, couches ionosphériques, etc.
  • phénomènes crépusculaires.
  • spectres des éclairs.
• Ciel nocturne et aurores polaires : travaux de spectroscopie et de spectrophotométrie commencés en 1929 et jamais interrompus. A la fin des années trente, première utilisation d’un photomètre photoélectrique.
• Lumière zodiacale : observée dès 1930 avec un photomètre visuel.
• Etude physique du Soleil : à partir de 1930 : spectres solaires, spectre et polarisation de la couronne lors d’éclipses totales, etc. Dans les années 1940 à 1955, ces observations sont complétées par des travaux théoriques sur l’atmosphère solaire. Dans la même période : relation entre activité solaire et phénomènes géophysiques et atmosphériques.
• Etude physique d’objets du système solaire : comètes surtout (spectres à partir de 1936, étude de la polarisation dans les années 1950) et vers 1955-60 : astéroïdes, Pluton.
• Etudes stellaires diverses : techniques de la photométrie (visuelle, photographique, photoélectrique), de la spectroscopie et de la spectrophotométrie. En particulier, étude des étoiles de Wolf-Rayet et des étoiles symbiotiques dans les années 1950-60.
• Diffusion et absorption de la lumière dans le milieu interstellaire : dès 1929, J. Dufay étudie l’absorption dans le plan galactique en examinant la répartition d’éclat de divers objets (amas globulaires, galaxies) en fonction de la latitude galactique. Travaux poursuivis jusqu’à la fin des années trente et repris autour de 1950.
• Etude de divers objets galactiques : nébuleuses diffuses (études spectroscopiques et spectrophotométriques à partir des années 1940, mesures de la polarisation à partir des années cinquante), nébuleuses planétaires (spectres dans les années 1950), amas globulaires dans la direction du centre galactique (photographie infrarouge à partir de 1951).
• Recherches extragalactiques : à partir de 1948 : détermination des magnitudes photographiques globales des galaxies par la méthode de Ch. Fabry, puis par celle de Schilt en 1951. Premiers travaux de photométrie photoélectrique en 1953.

4.4 - Remarques

• A partir de 1944-45, les observations sont faites à l’Observatoire de Haute Provence.
• Les premiers essais de détection dans le proche infrarouge datent de 1942 : spectres du ciel nocturne. A partir de 1951, les techniques se multiplient : photométrie photographique (centre galactique), spectroscopie et spectrophotométrie photographiques (ciel nocturne, étoiles), premiers travaux de photométrie photoélectrique IR (cellule au PbS refroidie à la neige carbonique).
• Publications : le « Bulletin de l’Observatoire de Lyon » a été supprimé par J. Mascart fin 1931. A partir de 1932 , l’AFOEV publie dans un bulletin autonome et l’Observatoire dans les « Publications de l’Observatoire de Lyon » qui n’ont aucun caractère périodique. Cinq volumes reliés paraissent entre 1932 et 1962.

V - Direction de Joseph-Henri BIGAY (1966-1976)

1 - Personnel

      C'est encore une période de fort recrutement :

2 - Bâtiments

• 1969 : construction du bâtiment administratif.
• 1974 : construction du nouvel atelier de Mécanique, l’ancien devenant laboratoire d’Electronique et d’Informatique.

3 - Instruments scientifiques

3.1 - Instruments d'observation

3.2 - Appareils de mesure

3.3 - Instruments d'analyse des données

4 - Domaines de recherche

      La période 1966-1976 est caractérisée par l’utilisation intensive des récepteurs construits par l’Observatoire, au point que l’on préfère ici présenter les travaux scientifiques de l’Observatoire classés suivant les techniques utilisées plutôt que suivant les objets ou les classes d’objets étudiés.

4.1 - Photométrie photographique (classique ou électronique)

• Observation d’objets particuliers : étoiles variables, novae, nébuleuses planétaires, régions H II, amas ouverts, etc.
• Région centrale de la Galaxie : découverte de 11 amas globulaires et de centaines d’étoiles variables appartenant à des amas globulaires ou voisines d’eux. Etude photométrique de ces étoiles : courbes de lumière, calcul de périodes. Utilisation de tubes-images.
• Galaxies proches : M33, M51, etc. : observations photographiques en plusieurs couleurs pour l’étude des populations stellaires (photographie classique ou électronique).
• Galaxies lointaines : de type ScI (isotropie de la constante de Hubble) ou appartenant à des amas (répartition des masses en fonction de la distance au centre de l’amas).

4.2 - Spectroscopie et spectrophotométrie photographiques

      Travaux portant essentiellement sur des types particuliers d’étoiles non variables (étoiles A normales et à raies métalliques, étoiles Am, étoiles à enveloppe : B à raies d’émission, Be, étoiles symbiotiques) ou variables (étoiles à flares, novae, étoiles variables de type δ Scuti).

4.3 - Photométrie photoélectrique dans le visible

• Études stellaires : étoiles B et Be (bandes étroites), étoiles à flares, étoiles variables à courte période de type δ Scuti.
• Autres objets galactiques : régions H II, amas ouverts, associations.
• Structure de notre Galaxie : observation d’étoiles chaudes (type O-B) situées dans les bras de notre Galaxie : magnitudes absolues, distance → absorption interstellaire au voisinage du plan galactique et structure des bras spiraux.
• Grand Nuage de Magellan : observation de sous-naines projetées dans la direction du GNM. Détection et étude photométrique des géantes et des supergéantes du GNM. Observation d’amas stellaires et d’associations. Détermination de l’absorption interstellaire propre du GNM.
• Contribution à la mesure du rapport masse/luminosité dans les grandes galaxies spirales voisines (M33 et M51) par des mesures photoélectriques globales de populations stellaires non résolues.
• Galaxies lointaines de type Sc I (isotropie de la constante de Hubble) ou appartenant à des amas (répartition des masses en fonction de la distance au centre de l’amas).
• Étude photométrique de radiosources : BL Lacertae, quasars.

4.4 - Photométrie photoélectrique dans l’infrarouge

      Quatre types d'objets sont étudiés par l'équipe "Infrarouge" :

• Les étoiles carbonées et leurs enveloppes circumstellaires.
• Les étoiles binaires serrées (type WUMa).
• Les régions H II compactes.
• Les régions de formation stellaire.

4.5 - Spectrophotométrie photoélectrique

• Lumière du ciel nocturne.
• Étoiles B et Be, étoiles symbiotiques.
• Nébuleuses planétaires.
• Nébuleuses à émission.
• Étoiles excitatrices des régions H II.

4.6 - Polarimétrie photoélectrique

• Ciel crépusculaire et essaims de météores.
• Comètes.
• Étoiles à enveloppe (type Be ou autres), étoiles carbonées.
• Étoiles chaudes de type O-B.
• Étoiles binaires à éclipses.
• Régions H II.
• Radiosources particulières (quasars).

4.7 - Travaux théoriques et de laboratoire

• Physique atomique et moléculaire : calcul des énergies d’excitation et d’ionisation dans les atomes et les molécules. Etude de molécules diatomiques d’intérêt astrophysique par l’examen de leurs spectres obtenus au laboratoire.
• Études statistiques sur des paramètres de galaxies tirés de catalogues.

VI - Direction de Guy MONNET (1976-1986)

1 - Personnel

2 - Bâtiments

      Aucune construction.

3 - Instruments scientifiques

• 1983 : retour du télescope de 1m.
• 1980 : démontage du grand méridien d’Eichens. L’instrument est prêté au musée de la Villette.
• 19..? : achat de l'ordinateur HP21MX.

3 - Recherches

QUELQUES SOURCES :

Rapports sur les observatoires de province.

Archives de l'Observatoire de Lyon, Archives Départementales du Rhône.

Communications personnelles diverses.

Séléniens qui ont apporté leur concours à la création de cet article :

Par ordre alphabétique,
Gilles Adam (adaptation au WEB), Bernard Rutily (contenu), ...

Mise à jour du 26 Mai 2016