RESTAURATION DE LA LUNETTE
DE L’ÉQUATORIAL COUDÉ
L’équatorial coudé de l’Observatoire de Lyon
est un instrument de 1887, dernier représentant, en état à peu près
d’origine, de cette ultime évolution des lunettes astronomiques. Sept coudés ont
été construits, trois sont encore visibles à Alger, Nice et Lyon. Deux
sont opérationnels, à Nice (très modernisé) et à Lyon. Ce dernier
instrument a été classé monument historique en 2007. C'est celui sur
lequel nous travaillons, et que nous évoquons ici.
Inutile de préciser que si la restauration de la lunette est en principe terminée,
l'instrument n'est pas prêt à être remis en service. Il est actuellement conservé sous cocon
en attendant la fin des travaux sur le bâtiment ...
La restauration de la lunette elle-même a été la première étape de
l’opération “restauration de l’équatorial coudé de l’Observatoire de
Lyon”. Ceci tient simplement au fait que la DRAC a immédiatement confié
cette phase à trois personnes : Stéphane Crevat, restaurateur spécialisé
dans les surfaces métalliques, avec lequel nous collaborions déjà, et
deux fraîchement-retraités de l’observatoire, Jean-Pierre Dubois et Gilles Adam, qui
vous présentent ce résumé. Nous avions une longue expérience, tant
astronomique que mécanique, du coudé dont ne pouvait se prévaloir aucune
société commerciale, combinée à des prétentions pécuniaires voisines de
zéro. Il n’y a donc pas eu de longues prospections, et le coût final s’est
révélé extrêmement modeste pour une telle opération.
La restauration de la lunette a commencé à l’automne de 2013, pour s’achever au printemps 2015. Pendant ce temps étaient menées les démarches qui doivent conduire à la restauration du pavillon abritant la lunette coudée, opération toujours en cours.
On voit ici deux exemples de restauration de sous-ensembles de la lunette (à gauche : avant, à droite : après ) ... En haut, c'est l'environnement du foyer de la lunette, dans la salle d'observation. En-dessous, l'intérieur du cube central de la lunette, là où se retrouvent et se connectent toutes les commandes des mouvements des différents tubes et cubes de liaison qui constituent la lunette coudée. Vue de l'extérieur, celle-ci semble très simple : deux gros tuyaux joints par un cube central. Mais il y a deux systèmes de tubes emboités, le dernier de la chaîne étant équipé de plus du cube rotatif qui porte l'objectif et son miroir. De nombreuses commandes, elles aussi rotatives, très précises, se déploient entre les deux systèmes. Toutes sont interconnectées par des renvois d'angle dans les deux cubes, et agissent sur les tubes internes par des systèmes à vis sans fin de précision. Tout cela doit correspondre à la latitude de Saint-Genis-Laval, et suivre la rotation terrestre : pas question de se tromper d'une dent sur un des nombreux pignons de bronze. Et il va sans dire que toute cette tringlerie est parfois extrêmement difficile d'accès ! Comme le disait J. Mascart, directeur de l'Observatoire entre 1912 et 1932, dans un de ses rapports annuels : Cette année encore, nous avons eu à souffrir des particularités de montage que le constructeur a sû accumuler ...
Mais il n’y a pas que de grosses pièces à soigner, et par exemple le
délicat régulateur de Foucault qui contrôle le moteur à poids nous a donné
bien du fil à retordre. Au sens propre du terme, puisque J.-P. Dubois a dû
refabriquer les deux ressorts compensateurs qui étaient sans doute cassés
depuis longtemps. Ils avaient été remplacés par des choses étranges ...
Nous avons pu, pour refaire les ressorts, prendre exemple sur ceux du
régulateur de l'entraînement du sidérostat de l'Observatoire de Lyon, qui
est du même modèle. Le régulateur, qui a vécu une histoire visiblement
tourmentée, a été entièrement démonté pour diagnostic (image de gauche,
sans les ressorts ; l'axe principal mesure environ 15 centimètres).
Certaines pièces de tailles millimétriques, cassées dans un accident des
années 1920, ont dû être refabriquées par tournage et fraisage. Un
fraisage ... à la loupe, comme on le voit sur l'image présentée à droite.
L'appareil a ensuite été confié à un horloger spécialisé, qui en a assuré
le remontage, la lubrification. L'étape finale sera le réglage de la vitesse,
qui ne pourra se faire que sur le ciel.
Séléniens qui ont apporté leur concours à la rédaction de cet article :
Par ordre alphabétique : Gilles Adam, Jean-Pierre Dubois.
Mise à jour du 19 décembre 2016, 18h30.