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HISTOIRE DE L'OBSERVATOIRE DE LYON,
DE LA RÉVOLUTION À LA FIN DU XXe SIÈCLE


I - Introduction

La science du ciel, à Lyon, est plus que millénaire : elle remonte au moins au VIe siècle, aux "horloges" du roi wisigoth Gondebaud. Rien de surprenant à cela, l'astronomie, était la science du temps : l'heure et le calendrier, indispensables au fonctionnement de la société. Mais la période très ancienne de l'astronomie lyonnaise a laissé très peu de traces historiques, à l'exception notable de l'horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean, mise en service avant 1383. Ce n'est qu'au XVIIe siècle que l'activité des Jésuites du Grand Collège de la Trinité a donné lieu à quelques publications. Cette activité culminera dans la création de l'Observatoire du Collège de la Trinité, premier observatoire de la Ville de Lyon, né avec le XVIIIe siècle.

Le présent article est consacré à l'observatoire actuel, mais sur le site de Séléné on peut consulter deux articles qui traitent de faits plus ansiens :

Dans les pages qui suivent, nous vous proposons de suivre la renaissance de l'astronomie lyonnaise. Elle est d'abord rythmée par les mises en place des deux observatoires qui se sont succédé à Lyon après la Révolution Française. Ces étapes sont brièvement évoquées dans ce qui suit.


II - 1793 : la Convention remet à zéro l'astronomie lyonnaise

Le siège de Lyon et la destruction de l'Observatoire

En 1793 la France révolutionnaire est sous l'autorité de la Convention Nationale où s'affrontent Girondins et Montagnards, avec entre eux un substrat politique (la Plaine, ou le Marais) qui oscille entre ces deux pôles, selon les événements. Danton, qui se tient un peu en retrait, et Robespierre, très actif, font partie des personnages influents. La création cette année-là du Tribunal Révolutionnaire et du Comité de Salut Public marque sans doute le début de ce qu'on appelle La Terreur, période de décisions arbitraires et d'exécutions de masse (Note 1). En 1794, la chute de Robespierre qui avait lui-même éliminé Danton marque peut-être "le début de la fin" de la Terreur(Note 2). Cette période aura coûté la vie à 50 à 100000 personnes ...

À Lyon, la situation économique très difficile s'accompagne d'une grande confusion politique, avec une multiplication des clubs (girondins, montagnards, bourgeois, royalistes constitutionnels), et l'exacerbation des conflits. En Juillet 1793, la Convention considérant qu'il s'agit là d'une révolte girondine ordonne à l'Armée des Alpes, occupée à combattre les piémontais en Savoie, de rétablir à Lyon les lois de la République. C'est donc Kellerman qui va diriger l'assaut contre Lyon, du 9 Août au 9 Octobre 1793, date de la reddition des autorités lyonnaises. Le 21 Août, les assiégeants commencent un bombardement à boulets rouges qui, allume de nombreux incendies. La légende d'une carte(s2) consultable à la BNF donne une idée de l'intensité des combats :

Siège de Lyon, munitions

L'Observatoire qui a fait partie des cibles est à-demi détruit : la plateforme d'observation s'est effondrée, le plafond de la grande salle a été crevé par la canonnade ...

Le pillage

Le 21 Vendémiaire An II (12 octobre 1793), la Convention Nationale publie un décret (s1) ordonnant la destruction de Lyon, ville rebelle. Ce décret est resté célèbre pour le verdict énoncé contre la ville et en particulier pour sa conclusion : Il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne qui attestera à la postérité les crimes et la punition des royalistes de cette ville, avec cette inscription : Lyon fit la guerre à la Liberté ; Lyon n’est plus.

Quand à l'article VI de ce décret, il organise tout simplement le pillage de la ville : Les Représentants du Peuple nommeront sur-le-champ des commissaires pour faire le tableau de toutes les propriétés qui ont appartenu aux riches et aux contre-révolutionnaires de Lyon, pour être statué incessamment par la Convention sur les moyens d’exécution du décret du 12 juillet 1793 qui affecte ces biens à l’indemnité des patriotes.
          Ceci sera effectué très méthodiquement : les instruments de l'Observatoire seront mis en caisse, expédiés à Paris, la bibliothèque de la Ville qui était installée au Collège subira la visite d'une commission ad hoc venue de la capitale pour récupérer tous les ouvrages et documents présentant un intérêt particulier. La bibliothèque ainsi "écrémée" sera ensuite livrée au libre pillage de la troupe et de la population en général, etc.(s7) En quelques mois, l'astronomie lyonnaise, dépouillée de tout, retombera au niveau zéro ... On trouvera plus de détails dans l'article L'observatoire du P. de Saint-Bonnet.

Un demi-siècle de lente reconstruction

Redémarrage ...

Si l'Observatoire est hors d'usage, la création des Écoles Centrales en 1795(Note 5), puis des lycées, va finalement revitaliser le vieux Collège brièvement promu Lycée de Lyon en 1808. Un des premiers professeurs à l'école centrale de Lyon sera l'illustre Ampère, nommé le 12 mai 1803. Il ne fera qu'un très bref passage à Lyon, nommé répétiteur à l'École Polytechnique dès 1804. Son remplaçant en 1805 sera son ami François Clerc, avec lequel il avait beaucoup collaboré étant en poste à Bourg-en-Bresse. Sur le site de Séléné, l'article François Clerc, la renaissance de l'astronomie à Lyon est consacré à cette personnalité tout à fait exceptionnelle, l'un des moteurs du redressement de l'astronomie lyonnaise.

Au début, F. Clerc, simple professeur à l'époque, n'était pas en charge de l'Observatoire du Collège. Celui-ci était ruiné de fond en comble, sans plafond, sans portes, sans fenêtres, etc. Pourtant, dès 1814, ayant acquis sur ses deniers quelques instruments et obtenu quelques réparations à l'Observatoire, F. Clerc put enfin effectuer ses premières observations astronomiques.

Restauration et rééquipement : l'œuvre de François Clerc

En 1816, le Maire Comte de Fargues fait réparer enfin le toit de l'Observatoire et, l'année suivante, les fenêtres de la grande salle(s10) ; voilà qui met enfin hors d'eau les locaux astronomiques. Petit à petit, F. Clerc qui est après 1817 directeur de l'Observatoire va faire remettre en état les locaux, et reconstituer une dotation minimale d'instruments astronomiques sérieux. Certains seront donnés par le Bureau des Longitudes, d'autres seront achetés par la Ville, d'autres enfin seront payés sur ses fonds propres.

François Clerc était un esprit de grande envergure, très apprécié des élèves du Lycée, comme le rappelle Edgard Quinet : Le professeur de philosophie, abbé disert du XVIIIe siècle, aimable et élégant, ne devait pas s'écarter du manuel latin dit Philosophie de Lyon(Note 31), où sont réfutées toutes les idées des penseurs modernes. Cet enseignement désuet durait deux ans. Beaucoup d'élèves abandonnaient au bout de la première année pour suivre les cours professés par deux vrais savants, Chachuat et Clerc, ce dernier successeur et ami d'Ampère, aussi distingué par sa méthode que par sa science. Clerc et Ampère s'étaient longuement fréquentés à Bourg-en-Bresse, où ils étaient tous deux professeurs. Dans la correspondance d'Ampère, on apprend même que ce dernier ne publiait aucun article de mathématiques sans avoir fait tout vérifier par son ami F. Clerc, qu'il désignait tout simplement comme "le Phénix de Bourg-en-Bresse"(s6) !


III - Le second observatoire de Lyon, établissement de transition

Météorologie & astronomie

Crue 1856
Crue du Rhône et de la Saône en 1856 à Lyon.
Place de la Préfecture (place des Jacobins).

Le milieu du XIXe siècle lyonnais est marqué par deux crues exceptionnelles du Rhône et de la Saône, en 1840 et 1856, qui provoquent des inondations meurtrières. Pendant tout le mois de Novembre 1840, le centre de Lyon est sous les eaux, on navigue en barque sur la place Bellecour, tous les bas quartiers sont noyés. Venue de Bresse, l’habitude de construire en pisé(Note 22) s’avère catastrophique : environ six cents immeubles s’écroulent (les estimations varient entre 450 et 1800) ! Une seconde inondation, de même ampleur, survient seize ans plus tard. Ces drames convainquent le pouvoir municipal de la nécessité de pratiquer des observations météorologiques régulières, avec l’espoir de prévoir les crues, à défaut de les maîtriser ; au passage, on interdit dorénavant l’usage du pisé dans l’agglomération. Un observatoire météorologique moderne est donc jugé indispensable, et une Commission Hydrométrique de Lyon, future Commission de Météorologie destinée à préparer cet établissement, est mise en place en 1840(s12). Cette volonté lyonnaise est renforcée après 1860 par l'impulsion nationale que alors Urbain Le Verrier à la prévision du temps. La Commission de Météorologie sera plus tard doublée d'une Commission de l'Observatoire travaillant plus largement sur l'édification d'un nouvel établissement astronomique et météorologique ...

1867 : création du second Observatoire de Lyon, universitaire & municipal

Lafon
Adrien Lafon, professeur d'Astronomie
à la Faculté des sciences de Lyon
(puis Doyen), vers 1865.

Pendant ce temps, on continue en effet à s'émouvoir de l'absence d'un véritable observatoire dans la "deuxième ville de France". Le 3 juillet 1867, le professeur d'astronomie à la Faculté des sciences (qui est aussi directeur de l'Observatoire de Lyon), Adrien Lafon, écrit(s11) au Préfet du Rhône pour signaler l'état de décrépitude où se trouve l'Observatoire qui "n'a reçu aucune amélioration depuis près de trente ans" et solliciter son transfert du Lycée vers le Palais St-Pierre : "Dans les bâtiments de la Faculté des Sciences se trouve une grande salle, surmontée d'une terrasse qui domine les maisons voisines : cette salle n'ayant pas reçu de destination, je viens vous prier, Monsieur le Sénateur, de vouloir bien donner les ordres pour qu'elle soit terminée et pour que l'on puisse y transporter les livres et les instruments, qui sont en souffrance au Lycée". Le 17 du même mois, Jourdan, Doyen de la Faculté des sciences, renouvelle cet appel(s11) au Préfet. Ses demandes sont bien entendu celles d'A. Lafon, qui est à l'origine de l'affaire, mais avec l'ajout d'un projet de rétablissement du cours public d’Astronomie qui avait tant de succès du temps de F. Clerc, et même de la construction d'une coupole sur la terrasse citée par A. Lafon ! La salle et la terrasse font partie de la nouvelle aile du Palais St-Pierre. C'est là, au-dessus de la rue de l'Impératrice, que va se trouver ce qu'on appellera désormais "l'Observatoire de Lyon", second du nom.

La lettre de Jourdan lue en Conseil Municipal(s16), produit un effet radical. Une délibération du 20 décembre 1867 rétablit sur-le-champ le cours d’astronomie élémentaire, pour lequel on alloue un traitement annuel de 2400 F. au Directeur de l’Observatoire(Note 10). On décide aussi le transfert de tout l'équipement du Lycée à la Faculté, et on alloue un crédit de 9000 F. à l’établissement de la coupole sur la Rue de l’Impératrice (aujourd’hui Rue du Président Herriot). La coupole est donc établie sur le prolongement "moderne" au Sud-Est du Palais, prolongement établi en 1860 lors de l'ouverture de la rue de l'Impératrice. Cette percée faisait partie d'un plan d'urbanisme présenté comme hygiéniste, en fait un plan de sécurisation de la ville des canuts : le gouverneur de Lyon demandait de larges avenues rectilignes où la troupe pourrait charger à cheval les émeutiers ! Heureuse époque ... Pour revenir à la coupole, on sait seulement qu'elle était en fonctionnement régulier en février 1876(s24). Mais en supposant que cela ait été nécessaire, l'expérience avait dû rapidement confirmer l'évidence : on ne fait pas d'astronomie observationnelle avec une lunette installée en plein centre de la ville ! Cette coupole était dite "de démonstration", et ne devait servir que pour l'enseignement et le grand public assistant au cours gratuit.

L'arrêté préfectoral du 7 janvier 1878(s11) nomme A. Lafon Directeur du nouvel l'Observatoire de Lyon et responsable du cours public d'astronomie et de cosmographie, et rappelle que la Ville assurera sa rémunération pour cette dernière fonction. On voit que les temps changent : l'Observatoire reste hébergé dans les bâtiments de la Ville, les activités qui motivent la municipalité lyonnaise sont d'une part les observations météorologiques (pour lesquelles A. Lafon s'est fortement engagé dans sa lettre du 3 juillet), d'autre part le cours municipal public (et gratuit). Mais A. Lafon est titulaire de la chaire d'astronomie à la Faculté, et c'est l'État (le Préfet et le Recteur) qui le nomme Directeur de l'Observatoire et accepte en parallèle ses fonctions "municipales". Il est intéressant de voir que le Préfêt est très soucieux de la qualité du cours public, dont il exige(s11) de valider le programme avant le début de sa présentation : "Vous voudrez bien préparer immédiatement le programme de vos séances que vous devrez soumettre à mon approbation. Vous comprendrez qu'il convient de donner à cet enseignement un caractère particulier pour lui assurer le succès. Les auditeurs ne seront pas les mêmes qu'à la Faculté. Nous nous adresserons assez probablement à des personnes moins bien préparées et pour lesquelles vous serez obligé d'aplanir ce que la science aurait de plus ardu. [...] Il faut que le succès justifie ma demande [de crédits municipaux]." Bref, si on lit un peu entre les lignes : le Sénateur-Préfet fait semblant de donner des leçons de pédagogie à A. Lafon, ce qui doit faire sourire le professeur. Mais il fait surtout de la politique : pour sa carrière, il ne peut se permettre de perdre la face, et puis on est encore sous le Second Empire, où toute réunion estudiantine est a priori suspecte ... Bref, il doit garder la main, que cela se sache, et que le cours soit un succès, son succès.


Rue de l'Hôtel de Ville, ca 1900
La rue de l'Impératrice,
rebaptisée rue de l'Hôtel de Ville par la République,
vers 1890-1900. À gauche de la rue,
juste après l'auvent déployé, on distingue l'entrée
de l'actuel Musée des Beaux Arts, installé
dans la nouvelle aile Sud du Palais St-Pierre.
Là se trouvait jusqu'en 1878 le second Observatoire,
et c'est sans doute par là que l'on y entrait.
localisation du 2e observatoire
Localisation du second Observatoire de Lyon, en 1868.




















IV - Le projet municipal d'un troisième observatoire,
       astronomique et météorologique

1873 : Création de la Commission de l'Observatoire de la Ville de Lyon.

Plus ou moins descendante de la Commission Météorologique, elle est créée le 6 septembre 1873 par le Maire afin d'étudier le projet de rétablissement d'un observatoire à Lyon ; le Conseil Municipal l'a maintes fois demandé, par exemple dans sa séance du 9 août 1873. Lafon siège à cette Commission depuis le 16 septembre, date de la première réunion à laquelle il ne pourra assister pour raisons de santé ; cette première réunion constitutive sera finalement déplacée au 8 décembre. D'autres membres de la commission sont Dareste de la Chavanne (Recteur de l'Académie), Hirsch (Architecte de la Ville, à qui on doit aussi le groupe des facultés du quai Cl. Bernard) et Gobin (ingénieur, Directeur du service municipal). Le Préfet s'est fendu d'une lettre de motivation expliquant à quel point la tâche de la Commission sera fructueuse pour la ville. Les motivations de la Ville sont, à ce moment, assez clairement économiques : études météorologiques, détermination de l'heure, même si l'Astronomie est évidemment présente, ne serait-ce que parce qu'on se rend bien compte que si l'on souhaite impliquer financièrement l'État, cela passera certainement par l'astronomie comme le montre l'exemple de l'Observatoire de Marseille. Cette cohabitation possible des deux disciplines sera plus tard une pomme de discorde entre le directeur de ce 3e observatoire (Charles André, peu intéressé par l'étude de la météorologie qui de toute façon sera retirée aux observatoires), et Adrien Lafon, toujours professeur d'Astronomie à la Faculté des sciences de Lyon, pour qui cette activité semble une mission essentielle.

La Ville de Lyon n'a pas oublié non plus le pillage perpétré par les Conventionnels parisiens de 1793, pas plus que les éternelles tendances centralisatrices de l'État. C'est pourquoi le Conseil Municipal, fort méfiant, adopte dans la même séance la proposition de M. Noguès : "Je demande que les instruments de physique, qui appartiennent à la Ville, actuellement au local de la Faculté des sciences, soient inventoriés et placés dans un local municipal, distinct de celui occupé par les collections de l'État."

1874 : Le choix de la Commission de l'Observatoire : Sainte-Foy-lès-Lyon

La Commission de l'Observatoire travaille vite : dès le 20 février 1874, à sa troisième séance, elle conclut(s23), et recommande le site de Ste-Foy, sans, semble-t-il, qu'on se soit donné la peine de faire des observations astronomiques nocturnes pour évaluer la qualité des images ; ceci est très surprenant ... La Commission suggère l'achat d'un certain terrain(Note 24) de quelques hectares, au lieu-dit les Tuileries comprenant le point culminant de Ste-Foy, où se trouve encore un vieux "pavillon de Cassini" choisi jadis par le célèbre astronome comme centre de station pour des opérations géodésiques. On a remarqué aussi une circonstance (une statistique sur un seul cas !) où le site était en plein soleil alors que "le brouillard couvrait Lyon et s'étendait sur la plaine de Bron". Plusieurs autres sites ont été évalués aux environs de Lyon (Fourvière, Croix-Rousse, Sathonay, Mont Cindre, Mont Thou et Mont Verdun), mais celui de Ste-Foy semble présenter tous les avantages. Par exemple sa proximité de la cité devrait faciliter l'accès aux étudiants et le travail du directeur qui sera également professeur à la Faculté des sciences. Pour l'instant, Ch. André, simple astronome parisien, ne fait pas partie de la Commission dont A. Lafon en est un membre très influent. Depuis que l'on parle d'un Observatoire, le bruit a couru, et le prix des terrains monte en flèche à Ste-Foy-lès-Lyon. L'hectare qui était au départ entre 6000 et 8000 Francs est maintenant entre 20 et 25000 Francs ! Il est clair qu'il va falloir se résoudre à exproprier, mesure peu populaire. Quoi qu'il en soit, le 11 avril une lettre d'A. Lafon présente au Préfet les conclusions de la Commission de l'Observatoire, en lui faisant part de l'urgence de l'achat du terrain. Mais en fait, la situation est plus complexe que ne l'imaginaient les membres de la Commission de l'observatoire, et il ne va rien se passer de décisif pendant quelques années encore ...


V - Les observatoires des départements, voulus par la République

La IIIe République

Elle est proclamée le 4 septembre 1870 à la suite de l'effondrement du Second Empire, deux jours après la capitulation de Sedan. Ses débuts sont très difficiles : la France est encore en guerre contre l'Allemagne, et au printemps 1971 elle réprime durement l'insurrection de la Commune de Paris. Encore freinée par la présence d'une majorité monarchiste à l'Assemblée Nationale, elle va savoir galvaniser les forces nationales. "Elle fut désir de revanche, mais aussi source de réflexion et volonté de résurrection : le projet de l'école laïque est d'abord un projet patriotique, au même titre que le projet de restauration scientifique"(s17). La République va mener à bien une profonde transformation du vieux pays : liberté d'opinion, séparation de l'Église et de l'État, éducation laïque et obligatoire, législation ouvrière, essor industriel et colonial. Elle sera finalement la plus longue de nos périodes républicaines. La faiblesse de sa démographie la fera sortir exangue des conflits mondiaux, ce qui amènera sa chute.

Le Second Empire avait connu un formidable essor économique, très inégalitaire puisqu'il avait produit un vaste prolétariat défavorisé. Dans le domaine scientifique, centralisme et autoritarisme régnaient sans frein. Comme on se méfiait de l'influence des libres penseurs à l'Université, on supprima l'agrégation de philosophie et on instaura dans les lycées la bifurcation qui obligeait à choisir entre filière scientifique et filière classique. Ceci fut favorable à la filière des sciences exactes dont les étudiants se spécialisèrent plus tôt. Astronomie, chimie, physique fondamentale furent soutenues, et on mis en avant quelques savants favorables au régime, comme Le Verrier à l'Observatoire de Paris. Mais c'était là l'unique lieu où des fonds publics permettaient encore à des astronomes français d'observer le ciel. L'astronomie française était tombée bien bas, comme l'écrivaient Charles André et Georges Rayet en 1874(Note 11).

La réorganisation de l'astronomie française

Au XIXe siècle, la présence de personnalités brillantes ne parvient pas à masquer le lent déclin de l'astronomie française, et la disparition des observatoires autres que celui de Paris, dont le fonctionnement est d'ailleurs jugé peu efficace. Successivement, trois commissions sont chargées, en 1854, 1868 et 1872, de faire des suggestions de réformes, aboutissant à une nouvelle organisation de l'Observatoire de Paris, et finalement de l'astronomie nationale.
Cette - longue - note(Note 11) présente plus en détail la suite des événements de cette période cruciale pour l'astronomie française.

goutte_noire
Transit de Vénus, 1769.
La goutte noire.

Un jeune astronome dans la tourmente : Charles André

Charles André (Chauny 1842 - Lyon 1912) est vers 1870 un jeune astronome parisien qui a des attaches familiales dans le lyonnais(s13). Normalien (promotion 1861), agrégé de physique en 1864 (4e de la promotion), il est très lié à Georges Rayet avec lequel il partage un vif besoin d’agir pour la rénovation de l’astronomie en France. D’abord préparateur d’Eleuthère Mascart au Collège de France, il entre en 1865 à l’observatoire de Paris où il est formé à la spectroscopie par Charles Wolf, comme Rayet. Il y prépare toutefois une thèse sur un sujet tout différent : les erreurs de mesure liées à la diffraction instrumentale ; il s’agit d’étudier le phénomène de la goutte noire qui perturbe tant les observations de passages et d’occultations, en prévision du transit(Note 12) de Vénus devant le Soleil en 1874. Sa compétence dans ce domaine vaudra d'ailleurs à Ch. André d'être nommé chef de l'expédition française qui se déplacera à Nouméa pour l'observation du phénomène. Les observations que l'on peut faire à l'occasion du passage d'une des deux planètes internes du Système Solaire entre le Soleil et nous permettent de déterminer la tailles absolues (c'est à dire en unités de longueur, en kilomètres par exemple) des orbites planétaires. On obtient ainsi, par exemple, la distance Terre-Soleil(Note 23).

André et Angot sur le bateau pour Nouméa, 1874
Alfred Angot et Charles André (1er rang assis, 1er et 2ème à gauche)
sur le bateau Tigre des Messageries Maritimes, près d'Aden,
naviguant vers Nouméa. 1874. Archives Observatoire de Bordeaux.
 

Mais à Paris, les choses ne sont pas simples pour Ch. André, qui a de très mauvaises relations avec le directeur de l'Observatoire, le terrible Urbain Le Verrier. Le personnage est célèbre d'une part pour avoir permis, par ses calculs, la découverte de la planète Neptune(Note 8), d'autre part pour avoir su entretenir à l'Observatoire de Paris qu'il dirigea pendant 16 ans une atmosphère si éprouvante qu'elle poussa de nombreux astronomes à la démission.

Ch. André soutiendra sa thèse le 23 juin 1876(s21), non sans quelques difficultés car l'irascible Le Verrier qui le tient en piètre estime(Note 21) fait tout pour lui compliquer la vie, chicanant sur ses déplacements à l’étranger, lui refusant un local où faire ses expériences d’optique ; c’est Henri Sainte-Claire Deville(Note 13) qui l’accueillera à l'ENS de la rue d’Ulm(s14). Les missions à l’étranger sont pour André et Rayet l’occasion d’étudier le fonctionnement des grands observatoires ; ils en tireront une série d’ouvrages(s15). Le jeune André, qui se sait personna non grata à Paris, commence donc à pousser ses pions à Lyon, tandis que dans le même temps son ami Rayet s’intéresse à Bordeaux.
Le 3 octobre 1876, est publié un décret portant création, à la Faculté des sciences de Lyon, d’une chaire d’astronomie physique, avec en arrière-plan l'idée de susciter la création d'un observatoire lié à l'Université. Dans un courrier du 4 juillet, André s'est déjà porté candidat, et, bien qu'il soit en concurrence avec A. Lafon plus titré que lui, deviendra titulaire de la chaire le 1er décembre 1877. Le voici donc bien installé dans la place, et même à peu près certain de se voir attribuer la direction d'un éventuel observatoire de Lyon !

L'Observatoire sera installé à Saint-Genis-Laval !

Ch André ca 1870
Mauvaise, mais unique, photo de Ch. André
à l'époque où il s'apprêtait à s'installer à Lyon.
Archives Observatoire de Lyon (ca 1870),
plaque de verre déposée aux A.D. du Rhône.

La Commission de l'Observatoire a beau avoir conseillé le site de Ste-Foy, il va falloir compter avec Ch. André. Non content d'être maintenant en poste à Lyon, il obtient le 7 juillet 1875 d'être nommé par le Préfet à la Commision de l'Observatoire. Avant même cela, le 23 mai, le Recteur instruit par le Préfet lui a communiqué une copie du rapport de la Commission. Il lance alors une grande offensive pour que l'Observatoire soit construit à St-Genis-Laval et non à Ste-Foy. Auprès des autorités, comme dans sa lettre du 30 mai au Recteur, mais aussi auprès du public lyonnais : il explique que le lieu est plus accessible, nettement moins cher, et la météo y est, dit-il, bien meilleure, une des plus favorables de France en fait. Cette dernière affirmation fait un peu ricaner la presse locale ; les lyonnais, que l'histoire a bien vaccinés contre les interventions parisiennes, suggèrent que la position d'André est à mettre sur le compte de son manque évident de connaissance de la région ! Dans sa lettre au Recteur, le futur Directeur de l'Observatoire a bien pris soin de ménager la Ville de Lyon en terminant ainsi : "Je vous demande d'ailleurs, Monsieur le Recteur, la permission de vous faire remarquer en terminant que l'emplacement choisi est assez vaste pour qu'on puisse y installer également les instruments exigés par un service complet de météorologie statique". Il se fait alors appuyer de Paris par le célèbre Commandant Perrier qui va "vendre" aux autorités lyonnaise ce qui est en fait la seule solution raisonnable, la création d'un de ces nouveaux observatoires de province. Il lui suffit pour cela d'avancer quelques arguments décisifs : d'abord, il se trouve que l'Armée a l'intention d'utiliser le terrain qu'elle possède à Ste-Foy, et qui jouxte le site de l'Observatoire, pour y implanter une batterie de canons de fort calibre capables de battre la vallée de l'Yseron, une installation difficilement compatible avec la présence des délicates lunettes astronomiques. Mais surtout, il fait valoir que l'État participera aux frais, à condition que l'on choisisse la solution défendue par Ch. André ! Il va sans dire que le Conseil Municipal est très sensible à cette remarque, qui emporte la décision ...

Pourquoi St-Genis-Laval, et comment Perrier, Directeur du Bureau des Longitudes, et André, astronome parisien, connaissaient-il ce lieu ? En fait, le Dépôt de la Guerre possédait là un petit poste d'observation militaire, utilisé à des travaux de cartographie du territoire avec une lunette installée juste sur le site du futur observatoire. Le Bureau des Longitudes, pour la détermination de la distance de Paris à Lyon, avait également utilisé avec complète satisfaction ce coteau de Beauregard. Ces équipements allaient toutefois disparaître, car tout le sommet de la colline de Beauregard devait être nivelé à trois mètres en-dessous du niveau initial, les déblais servant à établir un plateau d'une taille suffisante pour les installations prévues. Le site présente surtout, aux yeux de Ch. André, un avantage géographique tout particulier, sur lequel il insistera en maintes occasions : sur le même méridien se trouvent au Nord (le mont Verdun) et au Sud (le sommet de La Paume, au-dessus d'Ampuis), à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau, deux crêtes où il sera aisé d'installer les mires lointaines jugées à l'époque indispensables pour les réglages fins de certains instruments astronomiques.

Il va sans dire que les journaux lyonnais ne feront aucun cadeau à Ch. André, bel exemple pour eux de "parisien parachuté" ! La presse va donc se déchaîner(Note 32), mais cela ne durera pas très longtemps.

1878 : Création du 3e Observatoire de Lyon

Le décret est signé du Président Mac Mahon le 11 mars 1878, en même temps que ceux concernant les observatoires de Bordeaux et de Besançon. Comme prévu, Charles André sera nommé Directeur de l'établissement lyonnais, par un arrêté du 16 janvier 1879.

Voici quel sera le coût (prévu / finalement dépensé) de l'opération, qui doit s'étaler sur une dizaine d'années :

Annexe au Parc
L'annexe lyonnaise de l'Observatoire, au Parc de la Tête d'Or,
au début du XXe siècle. On n'y pratiquait que la météorologie.
La structure sur le toit visible de nos jours est une évolution
plus importante de celle visible ici.
On ne sera pas surpris de voir que l'État s'en sort à son avantage, à moins, tout simplement, qu'il soit géré plus rigoureusement. Des annexes lointaines sont également crées :


VI - Quelle configuration, quel programme de recherche
       pour ce troisième observatoire ?

On touche là un point important, car la nature des recherches conduites est, avec les moyens mis en œuvre et la qualité du site un déterminant de la viabilité de l'observatoire. On dispose de deux "déclarations de politique générale", toutes deux présentées au Conseil Municipal. La première est la vision lyonnaise des centres d'intérêt que l'on souhaite voir privilégier, présentée le 15 février 1876 par M. Noguès(s24), délégué du 1er arrondissement de Lyon. C'est l'exposé de ce que l'on appelait alors les "vœux" du C.M., qui permettaient d'attirer l'attention des autorités adminstratives supérieures sur des sujets divers, et donc de prendre des initiatives en-dehors des périodes des sessions légales.

En l'occurence : Pour donner à nos institutions scientifiques un complément indispensable en harmonie avec l'état actuel des connaissances astronomiques et de la physique du globe, le Conseil municipal exhorte l'Administration à prendre les mesures nécessaires à l'installation, sur une de nos collines (St-Just ou Croix-Rousse) d'un observatoire municipal astronomique et météorologique. On ajoute que Si [...] il ne s'agissait que de se livrer aux observations ordinaires que l'on fait aujourd'hui dans le petit observatoire de la Faculté des sciences, nous ne proposerions pas une installation plus convenable et en rapport avec les besoins de la science.>/p>

La seconde déclaration est celle rédigée par Ch. André le 6 octobre 1877, à la demande du Préfet, pour présentation au C.M. La confrontation de ces deux textes est fort intéressante :

1876 : Le programme souhaité par le C.M. de Lyon

L'observatoire municipal doit être astronomique ET météorologique, et installé sur une des deux collines de Lyon, à St-Just ou à la Croix-Rousse.

1877 : Le programme présenté par Ch. André

Il se place tout naturellement dans le cadre national, nouveau, des Observatoires des départements : c'est pourquoi il envisage un observatoire universitaire, annexe de la Faculté des sciences de Lyon et donc observatoire d'État. Les règles de recrutement sont les règles nationales, esquissées dans la Note 15. On y voit que les futurs astronomes des observatoires des départements doivent être formés à Paris. Il y a pourtant des Facultés un peu partout, mais il faut reconnaître que ce sont encore de petites structures, fragiles, héritage de leur histoire compliquée et de leurs relations parfois conflictuelles avec les pouvoirs : la IIIe République est jeune encore ...

Pour Ch. André, tous les travaux du nouvel observatoire se rapporteront à l'Astronomie physique (qu'il ne définit pas). Cela ne l'empêche pas de distinguer deux type d'activités, alors que le décret de 1873 précise bien que les observatoires des départements sont déchargés des travaux météorologiques.

Le coût total construction/équipement (avec les divers aménagements, la tour des eaux, la distribution de gaz, les bâtiments, etc.) est évalué à environ 200000F. Le budget annuel, lui, serait de l'ordre de 40000F.

Différences, et convergences

Plus d'un siècle après, on ne peut que regretter cette orientation qui allait étouffer l'efficacité de l'Observatoire de Lyon presque jusqu'à la seconde guerre mondiale. Non, il semble bien que Ch. André, sans doute prisonnier d'une hiérachie aux idées d'autrefois puis de moyens dramatiquement inadaptés, n'ait pas fait les bons choix ...


VII - Quels moyens pour le nouvel observatoire de Lyon ?

Les hommes

On aborde ici la question des moyens, et on doit constater que les observatoires de province souffriront toujours du jacobinisme français, imperméable à toutes les réformes. On avait certes décidé de décentraliser l'astronomie française pour la revitaliser, mais les instances nationales n'iront jamais jusqu'à faire suivre les crédits nécessaires. Pour ce qui concerne l'Observatoire de Lyon, le nombre de postes accordés par l'État restera toujours ridiculement faible et sous-qualifié devant l'importance d'un l'établissement déployé sur trois sites distincts : St-Genis, La Tête d'Or et le Mont Verdun.

Tout au début, ce sont Charles André, Charles Gonnessiat et Emile Marchand qui assurent la mise en place et les premières observations. Vont ensuite venir les rejoindre Michel Luizet, Georges Le Cadet et Joseph-Noël Guillaume. On notera l'absence de personnel féminin, en accord avec les mœurs du moment. Cette absence ne durera pas : sous la direction de J. Mascart, une pléthore de jeunes "esclaves" féminines viendra assurer les tâches de routine : calculs, assistance aux observateurs, etc ... Recrutées en général parmi les auditeurs du cours d'astronomie à la Faculté, beaucoup ne feront qu'un court passage ; mais d'autres resteront, comme Marie Bloch ou Callixtina Bac. Ceci pour ne citer que les principales figures de cette époque.

L'équipement

Saint-Genis-Laval était-il un "bon" site d'observation ?.

Pour ce qui concerne la qualité du site, il faut admettre que la fin du XIXe siècle n'était pas d'une grande exigence : les instruments étaient relativement modestes(Note 25), les techniques usuelles, anciennes (mesures de positions), encore dominées par les erreurs instrumentales et personnelles, les avancées techniques (photographie et spectroscopie) encore balbutiantes. La qualité de l'atmosphère était un facteur qui n'était pas encore considéré comme primordial, et on n'hésitait pas à installer des instruments importants (le grand coudé de Paris par exemple) à faible distance de grandes agglomérations éclairées - modérément, certes - la nuit et très polluées par les fumées des foyers au charbon. Pour ce qui concerne le futur Observatoire de Lyon, la Commission de l'Observatoire de la Ville de Lyon n'avait pas hésité à choisir le site Ste-Foy sans se préoccuper de la qualité atmosphérique. Ch. André et Perrier avaient fait un petit peu mieux, et choisi St-Genis-Laval sur la foi d'anciennes campagnes géodésiques de visée au théodolite ou au cercle horizontal.

1879 : Transfert des instruments du Palais Saint-Pierre à Saint-Genis-Laval.

Il est assez surprenant de constater qu'aucun instrument d'observation astronomique digne de ce nom ne figure à l'inventaire que l'on dresse à cette occasion ! Mais il est vrai que réaliser des observations astronomiques à partir d'un site urbain au XIXe siècle relevait du fantasme. L'éclairage nocturne était certes très faible, mais tous les foyers, toutes les industries, utilisaient le charbon et le gaz qu'on en tirait : le ciel lyonnais était très certainement extrêmement pollué, voire obscurci par les fumées. Les astronomes lyonnais ne l'ignoraient pas : la coupole sur le Palais Saint-Pierre n'avait été installée qu'à des fins de "démonstration", comme déjà signalé. La liste complète(Note 4) des instruments subsistants déplacés à Saint-Genis-Laval peut être consultée dans les notes à la fin du présent document. Elle reste intéressante, puisque c'est l'inventaire de ce que l'Histoire avait laissé à la Ville de Lyon de son patrimoine astronomique.

1879 : Construction du pavillon météorologique.

1879 : Construction de la salle du petit méridien.

1880 : Construction du bâtiment de l'administration et de la maison du Directeur.

Selon l'usage de l'époque, la maison directoriale est nettement plus grande que le bâtiment de l'administration, qui pourtant regroupe tous les services, la bibliothèque, les bureaux et les logements des astronomes résidents ! Au départ, la résidence directoriale devait pourtant être intégrée à ce bâtiment principal de l'Observatoire, mais Ch. André obtint qu'on lui construisit un édifice séparé.

Grand méridien 2
Grand méridien de Lyon,
ici en manœuvre de retournement.

Note J Torrent
Message retrouvé
en 1980, sous
le Grand Méridien.

1880 : Fin de l'installation du grand méridien Eichens.

Cet instrument est un don d'un célèbre mécène, le banquier Bischoffsheim, à qui l'astronomie française doit bien d'autres installations. Par exemple l'équipement du très bel Observatoire de Nice(Note 7), au Mont Gros.
     Le grand méridien de l'Observatoire de Lyon, faute de place sur le site de St-Genis-Laval, mais aussi pour lui assurer une bonne visibilité, est aujourd'hui prêté pour une exposition permanente au Musée des Confluences(Note 3).









Equatorial Brunner originel
L'équatorial Brünner tel qu'il était fin XIXe,
avec encore son moteur mécanique.

1881 : Mise en service de l'équatorial Brünner de 160mm.

188? : Mise en service de l'équatorial Eichens de 160mm.























Grande galerie
La grande galerie d'expériences, dans son état actuel.

1882 : Creusement de la grande galerie souterraine.

Elle est destinée par Ch. André à des expériences d'optique instrumentale.











Equatorial coudé originel
L'équatorial coudé tel qu'il était jusqu'en 1893.

1885-1887 : Construction du grand équatorial coudé de 350mm.

Au départ, Charles André souhaite installer une grande lunette équatoriale à la monture classique. Son modèle est la grande lunette de l'Observatoire de Strasbourg, installée par les allemands après l'invasion de l'Alsace, et qui suscite un vif intérêt chez les astronomes de cette époque. Un tel instrument nécessite un abri classiquement en forme de coupole, et on commence donc à édifier celle-ci dans le parc de l'Observatoire de Lyon. Et puis, en 1886, surprise : Ch. André décide d'arrêter les travaux, et de passer à la formule équatoriale coudée ! On ignore pour l'instant qui l'a convaincu de (contraint à ?) ce revirement. Le général Perrier, qui dirigeait le Bureau des Longitudes, c'est à dire l'astronomie française, et devait préférer une solution nouvelle développée par un astronome presque français (Loewy) plutôt qu'un héritage des adversaires prussiens ? La question reste en suspens, faute de documents éclairant la décision du Directeur de Lyon. Quoi qu'il en soit, Ch. André arrête les travaux, et recommence la construction d'un abri, cette fois adapté à un grand équatorial coudé de 35cm d'ouverture.
Ce magnifique instrument allait s'avérer plus esthétique qu'efficace, comme tous ses frères ; les documents d'époque attestent de la difficulté de mise au point de cette formule, comme des limitations dues à sa complexité optique et mécanique(Note 30).

Mais surtout, l'équatorial coudé arrivera trop tard : quelques années seulement après sa mise en service commencera le règne des grands télescopes à miroirs. Les astronomes lyonnais en tireront néammoins d'innombrables observations, des surfaces planétaires aux positions d'étoiles doubles, pendant plus de cinquante ans.

Magnétisme
Le pavillon du magnétisme,
au fond du parc.

1886 : Construction du pavillon du magnétisme.

Afin de remplacer le laboratoire installé au sous-sol du pavillon météo, où les instruments étaient soumis à trop d'influences parasites, on établit dans le parc ce petit bâtiment. Il est construit dans les règles de l'art : sans utilisation d'aucune parcelle de fer...

1887 : L'inauguration du nouvel Observatoire de Lyon.

À cette occasion, le Dimanche 18 décembre 1887, Charles André convie à l'Observatoire les autorités municipales, et la presse locale.


Obs_inauguration_1887
 
L'Observatoire de Lyon au moment de son inauguration, après la mise en service de l'équatorial coudé.
Celui-ci est visible, car son abri roulant est ouvert, à gauche (au Sud-Ouest) du terrain.
Tout près, la coupole à l'extrême-Sud est celle de l'équatorial de Brünner.
Dans l'angle Nord-Ouest, autour du château d'eau, les locaux techniques et le pavillon du gardien.
Au Nord-Est, le pavillon du Directeur. Au milieu, sur une ligne Est-Ouest, quatre pavillons :
le bâtiment principal, le grand méridien, le petit méridien, la météo qui abrite aussi les horloges.
 
 

Obs_1907
 
L'Observatoire de Lyon vers 1890, vu de l'Ouest. L'abri de l'instrument (à peine visible à l'extrême droite sur cette image)
est encore celui d'origine, au toit sans redan, aux flancs percés de diverses ouvertures, et traversé par un escalier
aux marches articulées permettant l'accès facile à l'objectif.
Un très beau cliché, dû à J.-N. Guillaume, astronome à l'Observatoire. L'équipement de l'établissement comprenait alors
une chambre photographique à plaques de verre de très grand format. Ses superbes négatifs ont hélas disparu ...
 
 

Obs_1890
 
Autre cliché très intéressant de J.-N. Guillaume : l'Observatoire de Lyon vers 1907, mais pris avec un objectif
de plus longue focale, et sous un angle un peu différent. Le wagon a été changé, l'escalier de service en fer à cheval
et sa plateforme ont été supprimés. Très fâcheuse modification qui rendit désormais acrobatiques les interventions
sur la tête de la lunette, et complique aujourd'hui beaucoup le travail des restaurateurs !
Au milieu du cliché, au Nord du coudé, un grand abri abrite peut-être un instrument (mais curieusement établi bien trop près du pavillon du coudé) non identifié à ce jour.
La lunette équatoriale coudée elle-même semble peinte en gris clair, mais ce n'est qu'un effet combiné de la réflexion/diffusion sur la peinture-laque et de la courbe de sensibilité de la plaque utilisée. Comme le montrent d'autres photos, elle était d'un gris très sombre, et même sans doute noire.
 
 

VIII - Les premiers travaux scientifiques

Ils sont conformes aux standards de l'époque, et comportent des observations méridiennes, des déterminations de positions d'étoiles doubles, des observations de planètes, comètes, de la surface solaire. S'y ajoutent l'étude de divers effets instrumentaux, les relevés météorologiques, l'étude du magnétisme terrestre. Des prévisions météo sont inscrite à la craie sur un tableau, place des Terreaux, pour le plus grand profit des lyonnais ; déjà, on plaisante beaucoup sur la validité de ces pronostics ! Comme on peut le lire dans la presse : "si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal"...
A partir de 1884 apparaît une nouvelle et très importante activité : l'Observatoire est chargé, grâce aux observations méridiennes, de déterminer l'heure locale exacte, et de la transmettre à la ville de Lyon au moyen de signaux électriques. De nombreux cadrans, installés un peu partout dans la ville, reçoivent ces signaux, et donnent ainsi l'heure aux lyonnais...
Dès le début, une activité de vulgarisation scientifique est entretenue, avec des conférences occasionnelles dans l'une ou l'autre des salles lyonnaises.

1888 : E. Marchand découvre les relations Soleil-Terre.

En étudiant le magnétisme terrestre, et en rapprochant ses observations de celles de la surface solaire faites également à Saint-Genis, cet astronome lyonnais met pour la première fois en évidence la relation entre les taches solaires et les perturbations du champ magnétique de la Terre.

gonflage_esperance
Au Parc de la Tête d'Or,
le difficile gonflage de l'Espérance.

1892 : L'épopée de l'Espérance.

Intéressé par les effets de l'électricité atmosphérique, Ch. André demande à un célèbre aéronaute lyonnais, Pompéïen Piraud(Note 14), de réaliser avec lui et G. Le Cadet une ascension en ballon. Divers problèmes techniques, une météo défavorable, transformeront cette expédition en cauchemard, et le ballon (assez mal baptisé "l'Espérance") finira par toucher terre "en vrac" dans l'Ain. Il s'agissait au départ d'étudier l'électricité atmosphérique, sujet très nouveau et fort intéressant. Mais il fallait une certaine intrépidité pour faire ce genre d'observations, car les conditions les plus prometteuses étaient a priori celles que l'on pouvait rencontrer dans un ciel d'orage. Et ceci avec un ballon libre et donc ingouvernable, gonflé de plus à l'hydrogène, gaz éminemment dangereux car très inflammable !! C'était pourtant là le principal sujet de recherche de G. Le Cadet ...

catastrophe_esperance
P. Piraud est malheureusement éjecté,
G. Le Cadet se retient fermement aux suspentes,
et Ch. André blessé est misérablement effondré
dans la nacelle !

Voici par exemple le compte-rendu du Progrès Illustré du 9 octobre 1892, qui présente la spectaculaire première page reproduite ici : " ... Le gonflement du ballon avait été long et pénible, et l'ascension commençait sous les plus fâcheux auspices : un essaim de guêpes avait criblé de cruelles piqûres les aéronautes, le gaz manquait, les déchirures du ballon n'étaient pas encore réparées, les cordes se cassaient. À peine avaient-ils quitté le sol que l'aéronef devenait le jouet de la tempête, et une demi-heure après son départ, il allait heurter la cheminée de la ferme de Mont-de-Mangues sur le territoire de la commune de Relevent. Dans le choc, M. André avait une épaule et la clavicule cassée, et M. Pompéïen était projeté violemment à terre d'une hauteur de huit à dix mètres. Le ballon, délesté d'un poids d'homme, reprit sa course vagabonde : M. André gisait au fond de la nacelle ; M. Le Cadet s'accrocha dans un effort énergique et désespéré à la corde de déchirure et la descente put s'opérer près de Chatillon-sur-Chalaronne (Ain). Les habitants de la commune prêtèrent aux aéronautes le concours le plus dévoué. On releva les blessés : M. Pompéïen qui avait trois côtes enfoncées et M. André. M. Pompéïen a été transporté à l'hôpital de Chatillons-sur-Chalaronne et pendant plusieurs jours on a craint pour sa vie. Les médecins qui lui prodiguent leurs soins ne sont pas encore pleinement rassurés sur son sort. Quant à M. André, après être resté deux jours chez M. le docteur Pierre, il est rentré à Saint-Genis-Laval : ses blessures, quoique graves, ne mettent pas sa vie en danger, et son rétablissement n'est qu'une question de temps. Seul M. La Cadet, dont le sang-froid a empêché la catastrophe de devenir encore plus terrible, n'a eu aucun mal".

Le cadet dans le Balschoff
G. Le Cadet (à droite) et Mr. Besançon
dans la nacelle du Balaschoff.
Revue l'Aérophile, le 24 mars 1899.

L'affaire n'en restera pas là : André et Piraud se retrouveront au tribunal, l'un accusant son passager d'avoir, par ses fâcheuses réactions, aggravé l'accident, l'autre considérant que son pilote a fait preuve d'un grave manque de préparation ...





Heureusement, toutes les ascensions ne se déroulèrent pas d'une façon aussi dramatique, et l'intrépide G. Le Cadet participa à de nombreuses expériences aériennes qui l'amenèrent en 1898 à la soutenance d'une thèse devant la Faculté des sciences de Lyon, sur un sujet original à l'époque : Étude du champ électrique de l'atmosphère. Ses recherches nécessitaient de largement varier les altitudes. Aussi observa-t-il en ballon, mais aussi à l'observatoire Janssen du Mont Blanc, ou encore pendant l'éclipse du 30 août 1905 avec la mission lyonnaise installée à Roquetas, en Espagne.





Tramway_St_Genis_Laval

1894 : Le tramway et le magnétisme.

En Octobre, la ligne de "tramevet" électrique Lyon-Oullins est prolongée jusqu'à Saint-Genis-Laval. Ceci va hélas perturber les mesures absolues du champ magnétique terrestre jusqu'à les rendre impraticables ...

Ci-contre, une image de cette année-là : nous sommes sur la route de Lyon, sur la place triangulaire ajourd'hui consacrée au chirurgien Jaboulay, la grande ville est dans notre dos. Sur la droite, la rue s'incurve doucement vers le Sud-Ouest, vers Brignais. Des rails sont apparus sur la chaussée, et, prodige de modernisme, le tramway électrique est arrêté à sa station.

1911 : La TSF à l'Observatoire.

Elle est employée à la réception des dépêches météo qu'expédie l'émetteur de la Tour Eiffel, et aussi à celle des signaux horaires. Ce service national mettra fin à l'activité horaire de l'Observatoire ; désormais, l'heure de Lyon sera l'heure de toute la France ... On a enfin décidé d'imposer à tout le pays l'utilisation d'une heure nationale, unique. Les chefs de gare trouvent la vie beaucoup plus simple !


IX - La direction de Jean Mascart

Mascart

1912 : Décès de Charles André.

Le Directeur-Fondateur est remplacé par le terrible (par son caractère bien affirmé, mais sur ce point Ch. André n'était pas en reste semble-t-il) Jean Mascart, fils d'Eleuthère Mascart, physicien de renom. Un scientifique de valeur, exigeant avec ses subordonnés, et ouvert à bien des idées modernes : l'accès des jeunes filles à toutes les études et à tous les postes par exemple, mais aussi l'importance des connaissances météorologiques pour la navigation aérienne, en particulier pendant les conflits armés !

Mascart
Tout le monde connaît l'illustre famille Mascart, parfois sans le savoir,
car elle a servi de modèle à Christophe pour l'astronome Jean Scarmat
qui apparaît dans les aventures du savant Cosinus !





J.-N. Guillaume, passionné entre les passionnés, est toujours là : le jour, il observe la surface solaire, la nuit il observe les planètes, et, pour le cas où il aurait un moment de libre, il a installé un petit équatorial sur le toit de sa maison de Saint-Genis pour ne pas risquer de perdre un instant d'observation ! Ah, il est aussi chargé de la gestion de la bibliothèque de l'Observatoire...

Août 1913 : Premier numéro du Bulletin de l'Observatoire de Lyon.

Mascart

Il contient essentiellement, pour l'instant, des publicités et de la météo. Il donne sans complexe les prévisions journalières pour tout le mois d'octobre ; à la décharge des météorologistes de l'Observatoire, il faut souligner qu'ils n'hésiteront pas à critiquer sans concession leurs prévisions en les mettant à l'épreuve des faits, comme le montre l'exemple ci-contre, qui revient sur le mois d'août 1913 justement ...

Juillet 1914 : Dernier numéro du Bulletin, déjà ...

La guerre va éclater, et les conseils agricoles que donne ce dernier fascicule rendent un son un peu irréel. Après un article sur la maturation de la crême, on lit par exemple quelques conseils de saison: "... on épampre légèrement et avec prudence la vigne à raisin précoce: il ne faut pas que le raisin soit surpris trop brusquement par les rayons du Soleil ..." En Europe, une plus sinistre vendange se préparait ...


X - De guerre en guerre

Merlin
J. Merlin 1876-1914
Grouiller
H. Grouiller 1889-1943

1914-1918

L'activité ne s'arrête pourtant pas, bien que dans le plus extrême dénuement, grâce aux passionnés de toujours et à quelques très jeunes enthousiastes comme Henri Grouiller. L'Observatoire paie son tribut avec la disparition de Jean Merlin(Note 29), brillant esprit et mentor de H. Grouiller, qui tombe au Champ d'Honneur fin août 1914, après un mois de combat. Puis le très jeune stagiaire Octave Pallix est fauché par un éclat d'obus en octobre 1916. En novembre 1918, Michel Luizet, spécialiste des étoiles variables et plus ancien collaborateur de l'Observatoire, trop âgé pour avoir été mobilisé mais très affecté par la disparition de son fils, quitte ce monde. Les astronomes qui n'ont pas été mobilisés pour diverses raisons sont bien sûr mis à contribution, dans leur domaine de compétence : ils effectuent par exemple de grandes quantitiés de calculs "secrets" intéressant la Défense Nationale. Il s'agit de construire des tables des performances de diverses pièces d'artillerie, dans diverses conditions de tir. Il fallait bien remplacer les ordinateurs, qui n'étaient qu'un rêve lointain, pour aider les artilleurs. M. Luizet s'y adonnait avec une sorte d'emportement, espérant trouver là un moyen d'oublier sa peine.

1919 : Création de l'Office National de Météorologie.

Ceci marquera le déclin définitif de l'activité météo de l'Observatoire de Lyon, à la grande fureur du bouillant J. Mascart. Il convient de lui rendre justice a posteriori car l'une des motivations de la création de l'ONM était le développement des prévisions météorologiques destinées à l'aviation naissante, prévisions dont il a toujours vigoureusement souligné la nécessité. On créa d’ailleurs, fin 1920, la station de Bron dépendant directement du nouvel Office. J. Mascart avait très tôt senti tout l’intérêt de cette science pour la société moderne qui émergeait après la Grande Guerre, pour l’agriculture comme pour l’aviation militaire ou commerciale. À l’époque où l’on croyait encore à l’efficacité des dirigeables, on lui doit une “Note sur les Zeppelins”, du 20 février 1916, où il détaillait par exemple l’usage que l’on pouvait faire de fausses prévisions destinées à contrer les attaques des engins allemands, en rendant leurs atterrissages encore plus périlleux qu’ils ne l’étaient déjà. Il avait développé une Station de Météorologie Agricole à l’Observatoire de Lyon, et créé une station d’observation météorologique d’altitude au Crêt de Botte, dans le massif du Pilat ; les ruines de la ferme - qui fut plus tard démontée pour en récupérer les pierres - où logeait l’observateur y sont encore visibles aujourd’hui. Le directeur de l’observatoire de Lyon était donc ulcéré par cette réorganisation de la météorologie, et décrivait férocement l’ONM comme une sinécure pour jeunes gens inaptes et ineptes ! Son analyse recommandait au contraire de donner plus de moyens aux observatoires pour qu’ils puissent développer la météorologie : Des décrets récents réorganisent la météorologie. C'est au nouvel organisme à nous fournir les ressources nécessaires pour spécialiser un personnel déjà exercé, car la météorologie est devenue une trop lourde charge pour un observatoire astronomique et une entrave sérieuse au développement astronomique qui nous est demandé de tous côtés. La guerre a grandement développé les besoins de la météorologie. De nombreuses personnalités ont senti, brusquement, qu'elles étaient des météorologistes et que là était leur voie, leur avenir. Mais le moindre esprit critique exige que l'on demande à tous ces apôtres nouveaux : où sont vos prévisions du temps? Quel en est le contrôle et le pourcentage de vos réussites? Car, hors de là, il peut y avoir un grave danger à tant de vocations récentes.
Mascart avait raison sur un point : la météorologie était une science d’avenir. Mais une séparation franche d’avec l’astronomie était inévitable, et finalement bénéfique.

RU Cyg AFOEV

1920 : Création de l'AFOEV.

L'Association Française de Observateurs d'Etoiles Variables est lancée par J. Mascart, sur le modèle de son homologue américaine l'AAVSO. Menée très efficacement par H. Grouiller (qui en est le secrétaire général) et Marie Bloch, elle va pendant des décennies assurer la surveillance des étoiles variables irrégulières et à longue période, pour le plus grand profit de l'Astronomie. H. Grouiller est aidé par Philippe Flajolet, et par des amateurs de talent comme André Brun. Ce dernier allait être le mentor d'un instituteur passionné d'astronomie, Joseph-Henri Bigay, futur directeur de l'Observatoire de Lyon

Ci-contre, un exemple des cartes de pointage (ici AU Cygni, c'est à dire l'étoile variable AU dans la constellation du Cygne ; les variables sont nommées de A à Z, puis AA, AB, AC, ... ZZ ) diffusées par l'AFOEV auprès des observateurs amateurs désirant contribuer à l'étude des étoiles variables irrégulières.



Dufay et Grouiller à Louisville

1929 : Jean Dufay et Henri Grouiller :
vers l'Astrophysique moderne.

L'arrivée de Jean Dufay, qui deviendra directeur quatre ans plus tard, marque un réel changement d'époque : associé à Henri Grouiller, il va introduire en quelques années la spectroscopie et la photométrie modernes à l'Observatoire de Lyon.

Dufay
J. Dufay 1896-1967
(vers 1933)






Ci-dessus à droite, on peut voir J. Dufay (2e à dte) et H. Grouiller (4e à dte) à Louisville (Canada), sur le site qu'il ont équipé pour l'observation de l'éclipse de Soleil du 31 août 1932. À cette date, J. Dufay était chargé de direction à l'Observatoire de Lyon, en remplacement de J. Mascart en congé de maladie. Il allait devenir Directeur de l'Observatoire de Lyon le 1er octobre de l'année suivante.


Obs_1890

15 Janvier 1929 : J.-N. Guillaume observe le passage d'un astéroïde devant le Soleil.

Ce corps obscur n'a jamais été identifié, et n'a malheureusement jamais été ré-observé ; il s'agissait peut-être d'un astéroïde à l'orbite très excentrique.

staff_1933











Sur ce cliché, de gauche à droite : Callixtina Bac, Philippe Flajolet, Joseph-Noël Guillaume, Camille Bertrand, Henri Grouiller et Marie Bloch.
La photo a été prise par Jean Dufay, sur les marches de l'entrée du pavillon de l'équatorial coudé, vers 1933. Cliché Observatoire de Lyon, déposé aux A.D. du Rhône.




Gd Méridien 1932








1934 : Arrêt du Grand Méridien.

Ses principaux objectifs : mesure du temps et mesure des positions célestes sont maintenant atteints par d'autres moyens plus efficaces, et le bel instrument de laiton et de bronze est mis à la retraite. Sur la carte postale présentée à droite (cliché Observatoire de Lyon), on voit la lunette méridienne dans ses dernières années, dans un bâtiment visiblement négligé. La photo ci-dessus est antérieure à 1932.


1939-1945 : L'Observatoire en guerre.

Cette sombre époque est marquée par le départ d'une partie du personnel, mobilisé ou frappé par les lois nazies supportées - quand elles ne sont pas devancées - par les collaborationnistes de l'État Français. C'est aussi l'occasion d'un engagement actif de l'Observatoire contre l'occupant, autour du patriote fervent qu'est Jean Dufay. Evry Schatzman et Marie Bloch, pour ne citer qu'eux, peuvent ainsi échapper à la honteuse police française de Vichy. Mais Henri Grouiller, engagé dans la Résistance aux côtés de son directeur tout en restant un astronome actif, perdra la vie en 1943 ...


XI - Jean Dufay : l'astrophysique, enfin !

Dufay
Observations de J. Dufay, en recherche de site
à St-Geniez (05), 19 août 1924

J. Dufay qui a découvert l'astronomie alors qu'il est professeur à Montpellier au début des années 1920, puis à Marseille, a profité des conseils d'astronomes parisiens renommés qui l'ont amené à présenter une thèse sur la lumière du ciel nocturne(Note 19). En 1929, comme nous l'avons vu plus haut, il est entré à l'Observatoire de Lyon sous la direction de J. Mascart. L'astronomie française, et tout particulièrement les observatoires de province (selon l'expression consacrée), manque alors cruellement de moyens. Il va se battre très efficacement pour faire évoluer les recherches à Lyon, n'hésitant pas à recourir en cas de besoin à des appareils originaux, bricolés à l'Observatoire. Et de fait, spectroscopie et photométrie s'imposent rapidement à Lyon, et l'astronomie de position vite délaissée. Le grand méridien est officiellement déclassé, les observations arrêtées, en 1934.

Il est aussi depuis l'origine de l'opération (1924) impliqué dans la recherche nationale du meilleur endroit pour y construire un grand observatoire de mission(Note 20). Il effectue de nombreuses mission d'étude de la qualité de l'atmosphère pour les observations astronomiques, ce qui permet aux responsables nationaux (comme André Danjon) de sélectionner le meilleur site. Là sera établi l'Observatoire de Haute-Provence, installé près de Forcalquier, sur le coteau dominant le village de St-Michel. Le village sera rebaptisé St-Michel-l'Observatoire. En 1939, Jean Perrin nomme J. Dufay Directeur de l'OHP. Il dirige donc à partir de cette date deux observatoires à la fois : un observatoire universitaire à Lyon et un observatoire de mission en Provence.


XII - Après 1945

Jusqu'à la fin des années 60 :

Jean Dufay puis son successeur Joseph-Henri Bigay profitent de la remontée progressive des dotations budgétaires pour pratiquer une politique -limitée- d'embauche et de développements technologiques. Ceci permet à l'Observatoire d'occuper une position de premier plan dans des domaines comme la photométrie photographique (Agop Terzan, ...) puis photoélectrique (Joseph-Henri Bigay, ...), ou la photométrie infrarouge naissante (autour de Madeleine Lunel). Les sujets d'étude associés vont de la structure galactique (par la photométrie des étoiles O/B) aux régions de formation stellaire et à la classification des nébuleuses extragalactiques. Parallèlement, les recherches de spectroscopie stellaire (étoiles Be, étoiles à raies métalliques, novae, ...) restent un volet très actif (Claude Burkhart, Jeanine Rousseau, ...), comme celle des variables du centre galactique (A. Terzan). Ce dernier point justifiera l'installation de deux générations successives de comparateurs à éclipses (blink microscopes).

Le télescope de 1 mètre :

C'est le plus grand télescope de l'Observatoire de Lyon. Il est du type Ritchey-Chrétien, c'est à dire qu'il est optiquement calculé pour permettre la photographie à - relativement - grand champ. Il fait partie d'une paire de "télescopes jumeaux" baptisés "LYMAR" (celui de Lyon) et "MARLY" (celui de Marseille) développés ensemble pour ces deux observatoires. Celui de Marseille sera en fait installé sur le mont Chiran, dans les Alpes de Haute Provence, pas très loin de l'OHP. Le LYMAR est installé à Saint-Genis-Laval en 1974, du côté Est des coupoles jumelées, puis déplacé en Suisse dès 1976. Là, il est installé au sommet du Gornergratt, sur le toit d'un hôtel tenu par "les Bourgeois" (dénomination locale rigolote pour : la municipalité) de Zermatt. Le site s'avèrera hélas très décevant astronomiquement, quoique superbe sur le plan touristique : Mont Rose et Cervin y occupent une belle partie de l'horizon. L'abondance étonnante de touristes japonais armés de superbes appareils photo en témoigne chaque jour d'été ! Le télescope revient à St-Genis-Laval en 1983.

Les années 80 :

Si les travaux de spectroscopie stellaire se poursuivent, les très rapides progrès d'un nouveau type de détecteur, le CCD, ont en quelques années renvoyé au musée tous les photomètres à photomultiplicateurs, grande spécialité de l'Observatoire de Lyon ! La transition fut difficile, car il n'y avait pas d'intérêt local pour ces nouveaux instruments, qui associent étude morphologique et étude photométrique à partir de la même observation. Seuls, peut-être, les développeurs lyonnais de l'infrarouge surent faire la transition, dans un domaine il est vrai encore très dominé par les aspects purement technologiques.

Ce n'est qu'à la fin de la décenie qu'une réorientation se fait jour, avec de nouveaux thèmes scientifiques (utilisant la spectroscopie 3D) exploitant pleinement les détecteurs CCD.

1993 : L'astrophysique à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.

C'est cette année que sous l'impulsion de Marie-Christine Artru et Gilles Chabrier, un groupe d'astrophysique se constitue au sein du département de Physique de l'ENS-Lyon. Ce second pôle, tourné vers les études théoriques, sera associé dès l'année suivante au pôle observationnel, historique, de l'Observatoire.


XIII - Aujourd'hui

Le site de Saint-Genis-Laval n'autorise plus l'observation professionnelle :

La pollution atmosphérique et la pollution lumineuse, toutes deux dues à l'urbanisation, interdisent toute observation de qualité. La dernière observation destinée à donner lieu à publication doit remonter aux années 40. L'activité de l'Observatoire est donc presque exclusivement diurne, à l'exception notable de brèves périodes de test d'instruments et de visites nocturnes à destination du public. L'équatorial coudé, ancêtre devenu bien fragile et actuellement invisible pour cause de restauration, le télescope de 1 mètre de diamètre, sont utilisés dans ces occasions. Une coupoles inutilisées est mise à la disposition d'une association d'amateurs.
Les observations scientifiques, elles, se font lors de courtes missions sur des instruments installés dans les meilleurs sites mondiaux, et souvent à distance. C'est évidemment toujours le cas pour les observations spatiales. Le dépouillement de ces observations, leur interprétation, la publication des résultats, se font ensuite à Lyon. L'abondance des données occupe sans problème les astronomes pendant toute l'année !

L'Observatoire de Lyon aujourd'hui :

logo_cral

Au départ lieu d'observation du ciel, l'Observatoire accueille aujourd'hui le Centre de Recherche Astrophysique de Lyon, où astronomes et techniciens :

Ainsi, malgré l'activité incessante du vieux démon centralisateur (spécialité bien française, il aura été actif des Capétiens à nos jours, un incontestable record mondial !), l'astronomie lyonnaise a pu au cours des siècles conserver sa place dans le concert scientifique, et permettre l'éclosion de brillantes personnalités dans une société régionale pourtant traditionnellement plus tournée vers le commerce et l'industrie.
Mais son évolution est loin d'être terminée, car l'établissement doit sans cesse s'adapter aux contraintes socio-économiques changeantes. Le déploiement des programmes astronomiques, aujourd'hui, est européen, et souvent mondial.
Il appartient aux chercheurs et techniciens du CRAL de confirmer sans cesse, à tous les niveaux, la grande vitalité de leur laboratoire.

Pour en savoir beaucoup plus sur le laboratoire actuel, se reporter à la page d'accueil du CRAL




Quelques sources

s1. http://www.viveleroy.fr/Lyon-sous-la-Convention-par-Louis,115#Le-siege-de-Lyon

s2. Bibliothèque Nationale de France

s3. Archives de l'Observatoire de Lyon

s4. Archives Départementales du Rhône

s5. Saussac, Roland, Les débuts du lycée de Lyon (1803-1805), thèse de l’Université Lumière - Lyon 2, 1986, theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/1986/saussac_r#p=0&a=title

s6. Lettre d'Ampère à son épouse, datée du 8 avril 1802, reproduite dans De Launay, Louis, Correspondance du Grand Ampère. tome I, Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 277, et www.ampere.cnrs.fr/correspondance

s7. Archives Municipales de Lyon, Compte-rendu de la séance du 7 février 1803 du Conseil Municipal de la Ville de Lyon

s8. Dumas, J.-B., Histoire de l'Académie Royale des Sciences, Belles-lettres et Arts de Lyon, 1839, T 2. Compte-rendu de la séance du 8 germinal an XI. Bibliothèque Municipale de la Ville de Lyon, USR 6900ZX DUM

s9. Association Française pour l'Avancement des Sciences, Lyon et la Région Lyonnaise en 1906, T. 1 Bibliothèque Municipale de Lyon, 116350

s10. Clerc, F., Calculs astronomiques, par F. Clerc, professeur au Collège Royal, Directeur de l’Observatoire de Lyon, en 1820, cahier manuscrit conservé à la bibliothèque de l'Observatoire de Lyon, déposé en 2008 aux Archives Départementales du Rhône.

s11. Dossier Observatoire, Archives municipales de Lyon, 1754W7.

s12. Archives municipales de Lyon, Séance du conseil municipal de la ville de Lyon de novembre 1840.

s13. Lunel, Madeleine, Observatoire de Lyon, communication personnelle.

s14. Maison, Laetitia, La fondation et les premiers travaux de l’observatoire astronomique de Bordeaux (1871-1906) : histoire d’une réorientation scientifique, thèse présentée le 1er octobre 2004 à l’université Bordeaux 1.

s15. André, Charles, Angot, Alfred et Rayet, Georges, L'astronomie pratique et les observatoires en Europe et en Amérique, depuis le milieu du XVIIème siècle jusqu'à nos jours, éd. Gauthier-Villars, Paris 1874.

s16. Archives Municipales de Lyon, Séance du Conseil Municipal de la Ville de Lyon du 20/12/1867.

s17. Véron, Philippe, Les astronomes français 1850-1950, non publié.

s18. Rapport de la Commission nommée le 28 octobre 1853 par le Ministre de l'Instruction Publique, présenté le 20 janvier 1854. (Les sources 18 à 20 sont citées grâce à Françoise Leguet-Tully, qui a eu l'extrême amabilité de nous permettre la consultation de son dépouillement de pages pertinentes de l'ouvrage Recueil des lois et règlements sur l’enseignement supérieur comprenant les décisions de la jurisprudence et les avis des conseils de l’Instruction publique et du Conseil d’État, Paris, Delalain, 1880-1915, de A. de Beauchamp)

s19. Rapport de la Commission prévue par l'article 12 du titre II du décret du 30 janvier 1854, présenté le 4 janvier 1868.

s20. Rapport de la Commission créée par le décret du 25 novembre 1872, présenté au début de 1873.

s21. André, Charles, Etude de la diffraction dans les instruments d'optique, son influence dans les observations astronomiques, 1876, Paris, Gauthier-Villars.

s22. Françoise Huguet et Boris Noguès, «Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880)», juin 2011 [en ligne] http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/

s23. Commission de l'observatoire, Cahier de procès-verbaux des séances, Dossier Observatoire, Archives municipales de Lyon, 1754W7.

s24. Rapport de la Commission des vœux, Conseil municipal du 15 février 1876, Archives municipales de Lyon.

s25. Commandement du 27 Mars 1878 du Ministre de la Guerre au Colonel Dhombre(?), Directeur du Génie à Lyon, Archives militaires, Vincennes, 4V-1080.




Notes & compléments

Note 1 : On appelle parfois cette période "la 2e Terreur" pour la distinguer de la première qui concerne les massacres de l'été 1792. La France était alors sous un gouvernement provisoire dont le pouvoir exécutif était entre les mains de la Commune de Paris ; la Convention Nationale n'existait pas encore.
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Note 2 : Maximilien de Robespierre a longtemps personnifié l'abomination de la Terreur, mais les historiens, aujourd'hui, rappellent qu'il prônait une répression certes stricte mais légale, cadrée, et s'est toujours opposé aux massacres aveugles. Il était pour des massacres, mais des massacres réfléchis, si on veut ...
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Note 3 : Le Grand Méridien, ayant perdu toute utilité astronomique suite à l'évolution de la science a été déclassé en 1934 par l'Observatoire de Lyon. Il est resté longtemps immobile sur ses piliers, prenant la poussière, s'oxydant de diverses façon. Il a ensuite été recouvert d'un léger "sarcophage" de contreplaqué, et le pavillon est devenu un laboratoire d'électronique. En 1880, l'instrument a finalement été prêté au Musée de la Villette, qui en avait fait la demande, contre une somme symbolique qui a payé la peinture pour la réfection de la pièce. À Paris, il a participé à une exposition, puis a été remisé dans une cave. Mais avant cela, malheureusement pour cet objet du patrimoine, il avait été brutalisé à la manipulation, et "nettoyé" par des services certes formés pour gérer des exposition commerciales, mais totalement incompétents pour ce qui concerne un instrument astronomique de haute précision. Il existe par exemple un effarant devis d'une société de sablage (!) pour le traitement du méridien, devis accepté par un "Conservateur du Musée de la Villette". Le sablage a éliminé la peinture d'origine, les oxydes sur le bronze et le laiton, et détruit les magnifiques pistes d'argent circulaires portant les délicates graduations de déclinaison.
    En 2009, après beaucoup de négociations (car le prêt, dans l'esprit de certains, s'était mué en don), avec l'intervention du Musée des Confluences qui était alors très demandeur de supports à de futures activités, nous avons enfin obtenu que le méridien revienne en région Rhône-Alpes. Nous avons assuré la visite de réception, qui a permis de cataloguer les dégradations apparues à Paris. Contre le prêt de l'instrument, les Confluences ont accepté d'en assurer l'entretien (cette fois nous avons été vigilants) et l'exposition permanente. Nous n'avons par contre pas pu obtenir qu'il soit mis en situation, avec les bonnes orientations etc. pour permettre une bonne information du public sur l'usage de la machine. C'est dommage, mais le scénographe avait d'autres intérêts.
    Telle est donc la situation actuelle : le Grand Méridien, autrefois un des fleurons de l'astronomie régionale, est à nouveau offert à l'admiration des rhônalpins. On ne peut pas ne pas rêver à un projet plus lointain : le réinstaller dans son bâtiment très particulier, sur ses piliers de pierre taillée d'origine, qui avaient été prêtés aussi à La Villette qui n'avait pas voulu les utiliser : trop lourds ! Un tel projet sera peut-être lié, dans quelques dizaines d'années, à la réhabilitation de l'ensemble du site de l'Observatoire de Lyon.
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Note 4 : Voici la liste des instruments dont disposait en 1878 l'Observatoire de Lyon installé au Palais Saint-Pierre, et qui allaient être transférés sur le nouveau site de Saint-Genis-Laval :

  1. Un grand quart de cercle mural
  2. Deux quarts de cercle mobiles
  3. Un baromètre de Fortin fixe grand modèle
  4. Un baromètre de Fortin petit modèle
  5. Deux thermomètres à mercure à divisions sur verre
  6. Un psychromètre
  7. Un anémomètre, système Combes
  8. Un horizon artificiel
  9. Un compas à verge de Ernst
  10. Une règle plate de Ernst
  11. Un spectroscope de Janssen à vision directe
  12. Un chronomètre de Winerl
  13. Un théodolite de Ernst
  14. Un théodolite de Fortin
  15. Une boussole avec lunette et niveaux
  16. Une boussole, modèle de marine
  17. Quatre prismes
  18. Un magnétomètre de Gauss
  19. Une pendule de Lepaute
  20. Une pendule de Bréguet
  21. Un compteur à secondes de Jacob
  22. Un pluviomètre
  23. Un aspirateur

    Référence : Archives Municipales de la Ville de Lyon, 475 WP 28.
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Note 5 : La Convention Nationale créa en Octobre 1792 un Comité d'Instruction Publique, dont l'œuvre fut considérable pour l'organisation de l'enseignement républicain, jusqu'au 4 Brumaire An IV date de fin de son activité. Le 7 Ventôse An III, un décret créa les écoles centrales qui s'inséraient dans le plan de Condorcet, à un niveau intermédiaire, au-dessus des écoles primaires. Neuf écoles centrales étaient initialement prévues pour toute la France. Au-dessus étaient les facultés, rebaptisées lycées. Après quelques retouches, les écoles centrales furent finalisées dans un plan général d'organisation de l'instruction publique adopté le 3 Brumaire An IV (25/10/1795). Une école centrale était prévue dans chaque département, et il pouvait même y avoir des écoles centrales secondaires, en supplément. En 1802, 95 écoles centrales étaient déjà en activité, dont Bourg-en-Bresse et Lyon. En général, elles utilisaient les locaux des anciens collèges.
    Les écoles centrales, toutefois, étaient critiquées pour leur manque de coordination avec les écoles primaires, le manque d'éducation morale et religieuse - adieu Condorcet ! -, et la trop grande liberté laissée aux élèves. En fait, on les trouvait trop révolutionnaires ! Une loi du 11 Floréal An X (1er mai 1802) finit par les supprimer. Les plus importantes furent remplacées par des lycées gérés par l'État, ce fut le cas de l'école centrale de Lyon établie dans les locaux de l'ex-Collège de la Trinité. Les autres devinrent des écoles secondaires ou collèges, gérés par les communes ou par des fonds privés.
    Source principale : www.inrp.fr .
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Note 6 : Joseph Mollet.
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Note 7 : Raphaël Bischoffsheim (1823-1906), fils d'un banquier hollandais, était passionné d'astronomie. Résidant sur ce qu'on appelle aujourd'hui la Côte d'Azur, il décida en 1878 d'édifier près de Nice, sous un ciel qui à l'époque était jugé excellent pour l'observation astronomique, rien moins que le plus bel observatoire du monde. Ce fut l'Observatoire du Mont Gros, aujourd'hui Observatoire de la Côte d'Azur (on dit aussi bien Observatoire de Nice) après une histoire politique et administrative très compliquée. On trouvera cette histoire fort agréablement détaillée sur le site de l'établissement : https://patrimoine.oca.eu/spip.php?article36
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Note 8 : En fait, les mêmes calculs, avec le même résultat, avaient été exécutés un an auparavant par l'astronome anglais Adams, qui avait commis l'erreur de ne pas publier son travail.
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Note 9 : C'est seulement le 20 février 1822 qu'on dépose à l'Observatoire de la Ville de Lyon un quart de cercle sur pied, venant du dépôt de Saint Pierre. Source : Archives Départementales du Rhône, Dossier Observatoire de Lyon, pièce: Inventaire des biens de l'Observatoire de la Ville de Lyon du 1er mai 1841.
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Note 10 : Il est amusant de noter que dans la même séance, on propose d'élever à ... 50 F par an le traitement des Frères des Ecoles Chrétiennes et Sœurs de St Charles qui enseignent dans le primaire.
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Note 11 : "Sur les cent trente observatoires existant dans le monde entier à la fin du 18ème siècle, la France en possédait à elle seule une trentaine environ, à peu près le quart, qui comptaient parmi les plus féconds et dont les travaux étaient cités avec respect par les astronomes de toutes les nations voisines.
Les guerres continuelles qui ont ensanglanté les dernières années du 18ème siècle et les premières années du 19ême réduisirent à l’inactivité la plupart de ces établissements et, lorsque la paix se trouva enfin rétablie, les plus importants seuls restaient debout. A l'étranger, la renaissance fut en général rapide. En France, l’état social se trouvait complètement changé; les corporations religieuses avaient presque toutes été dispersées, les Universités de province étaient supprimées. L’Etat, resté seul pour créer et entretenir les Observatoires, consacra toutes ses ressources à un seul, l'Observatoire de Paris ; aussi, les observatoires de province disparurent—ils presque tous successivement, de sorte que, vers 1850, sur deux cents observatoires disséminés en Europe, en Amérique et dans les colonies européennes, la France n’en possédait plus que deux où l’on observât encore; celui de Paris et celui de Marseille, maintenu en activité par les efforts prodigieux de Valz.
Depuis cette époque, en I874, à Marseille, l’ancien observatoire a été remplacé par un nouveau, grâce à l’énergie de Le Verrier; à Toulouse, l'observatoire a reçu de la municipalité et de l’Etat les fonds nécessaires à la construction de grands instruments ; à Alger, le gouvernement colonial a fondé en 1854 un observatoire qu’un décret a rattaché en 1874 aux autres établissements astronomiques français. Enfin, il est question de rétablir les observatoires de Lyon et de Bordeaux, d’en fonder un à Besançon.
"(s15)
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Note 12 : On parle de transit ou de passage lorsqu'un objet passe exactement entre nous et un astre quelconque. Le plus fréquemment, c'est un passage devant le Soleil : on observe alors la silhouette de l'objet qui transite, comme une ombre chinoise, sur le fond éblouissant du disque solaire.
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Note 13 : Henri Sainte-Claire Deville, né le 11 mars 1818 à Saint-Thomas (Antilles), décédé le 1er juillet 1881 à Boulogne-sur-Seine. Chimiste français, connu principalement pour l'invention du procédé permettant la production industrielle de l'aluminium. Quoique prévoyant l'utilisation future de ce métal, et installant une usine de production, il négligera de faire breveter son procédé !
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Note 14 : Jean-Claude Piraud, dit Pompéïen, (1846-1907), est un célèbre aéronaute, et pionnier de l'aviation, lyonnais. Convaincu de l'avenir du plus lourd que l'air, il était de plus partisan de la solution des ailes battantes, qu'il exposa en 1903 dans son livre Les secrets du coup d'aile. Il réalisa ensuite divers aéroplanes plus classiques. En 1892, son ballon Espérance était ovoïde et destiné à recevoir une paire d'ailes articulées, projet qu'il abandonna.
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Note 15 : Les conclusions de la première commission, où siège Le Verrier, renforcent la direction autoritaire de ce dernier, justifiée sans nuances : Tout Observatoire exige une pensée dirigeante ; c’est la première condition d’un établissement de ce genre : on n’en connaît aucun qui soit parvenu à quelque splendeur sans se soumettre à cette loi.(s18) On insiste sur "les inconvénients, pour la science, du travail libre individuel et sans plan coordonné des savants les plus distingués". En conséquence, le personnel de l'Observatoire de Paris est fixé à un Directeur, quatre astronomes, et un certain nombre d'adjoints, élèves, calculateurs, etc. En principe, l'Observatoire n'est à cette époque qu'un outil utilisé à son gré par le Bureau des Longitudes. Mais l'expérience montra que le Directeur pouvait s'arranger pour rester en place, sans élection, et agir selon son seul désir. Et le moins que l'on puisse dire est que ce personnage est tout-puissant : [le Directeur] dirige seul les observations, leur réduction, leur publication, et généralement tous les travaux scientifiques qui s’exécutent à l’Observatoire. Il rédige les règlements qui concernent le service des astronomes adjoints et des élèves astronomes … Il a à sa disposition tout le matériel de l’Observatoire. Les astronomes sont employés aux observations extraordinaires aux calculs de réduction qu’elles nécessitent … Chacun d’eux prend, dans ces travaux, la part que le directeur lui assigne.

Quatorze ans plus tard, la commission de 1868, encore avec Le Verrier, fait quatre recommandations(s19) :

Le premier point est très important car il propose de revoir la répartition de la responsabilité scientifique à l'intérieur du corps des chercheurs : celle-ci devrait être gouvernée par un Conseil Scientifique où le Directeur n'aurait pas plus d'influence que n'importe quel membre ! On met les points sur les i en précisant : il faut que les astronomes tenus d’exécuter la partie régulière des travaux [les travaux de routine, obligatoires] aient assez d’indépendance et de liberté pour se livrer sans entraves à leurs recherches personnelles. En lisant cela, Le Verrier manque de s'étouffer, et combat vigoureusement cette position qu'il rejette en bloc. Néanmoins, c'est dans cette nouvelle direction que va évoluer l'Observatoire de Paris, et ceci s'appliquera plus tard aux nouveaux observatoires. Le Verrier sera destitué en février 1870, remplacé par Charles Delaunay. Celui-ci ayant eu la malchance de se noyer le 5 août 1872 en rade de Cherbourg lors d'une promenade en barque, c'est Le Verrier qui reprendra la direction à Paris !

La troisième commission rend son rapport au début de 1873, Le Verrier en est le président, mais son constat est cette fois sans appel(s20) : Depuis plusieurs années, l’Observatoire de Paris a acquis dans le public une fâcheuse renommée, par les guerres intestines et les révolutions dont il n’a cessé d’être le théâtre. Plusieurs fois, le Gouvernement a dû se préoccuper d’un état de choses si préjudiciable à l’astronomie française. Des décrets sont intervenus, des changements de directeur et d’organisation ont eu lieu, sans apporter aucune amélioration. Enfin, il y a quelques mois un affreux événement privait tout à coup l’Observatoire de son directeur, avant même que celui-ci eût pu faire l’essai du nouveau régime qu’il venait d’introduire. En même temps, les débris des anciens Observatoires de province, si nombreux avant 1795, ont peu à peu disparu. Seul, celui de Marseille, créé à nouveau par M. Le Verrier, a reconquis, par l’activité de ses astronomes, l’ancienne réputation de l’Observatoire de Pons et de Gambart. À Toulouse, après maintes péripéties, l’Observatoire a fini par être abandonné ; à Alger, de beaux instruments sont restés sans emploi. Un tel état de l’astronomie française ne pouvait manquer d’éveiller l’attention de l’administration, des savants et des municipalités. Pendant qu’à Paris les astronomes cherchaient quelles devaient être les bases de la véritable organisation des Observatoires, les municipalités s’efforçaient, sous l’impulsion du Ministre de l’Instruction publique, soit de relever leurs établissements astronomiques, soit d’en créer de nouveaux. La ville de Toulouse a remis à l’Etat la direction de son Observatoire ; Bordeaux, Lyon et Dijon ont offert des subventions pour contribuer à l’érection d’Observatoires de l’Etat. Besançon, à l’exemple d’une ville suisse voisine, Neufchâtel, demande un observatoire plus spécialement fondé en vue de venir en aide au progrès de l’horlogerie. [...] Avant la révolution, la France était couverte d’Observatoires indépendants, appartenant soit aux Universités, soit à des particuliers. Paris seul en comptait bien une douzaine. Nul doute que, s’ils eussent vécu, ces petits établissements n’eussent pris, devant le progrès général des sciences, le même essor que leurs émules ont pris en Angleterre et en Allemagne. Mais le système général de centralisation excessive qui inspira tous les actes de la Convention détruisit bien vite l’initiative individuelle, en astronomie, comme partout ailleurs. L’Observatoire de Paris absorba d’abord tous les petits Observatoires de la ville ; on laissa périr ceux de province ; et, dès lors, l’établissement unique fut le point sur lequel se concentrèrent l’attention du pays et du Gouvernement, toutes les richesses en personnel et en instruments, et aussi l’ambition de tous les astronomes.

Cette situation est jugée mortelle pour l'astronomie. À chaque changement de Directeur, l'Observatoire de Paris connaît une période de réaction qui met tout en péril. Et cet observatoire est le seul en France : son personnel progresse, et se heurte à la barrière infranchissable du nombre très limité de postes d'aides-astronomes et d'astronomes-adjoints qui sont offerts : Alors devant les nécessités de la vie, les fonctionnaires de l’Observatoire sont forcés de chercher au dehors le supplément indispensable de leur traitement trop faible ; de là, l’abandon progressif des travaux antérieurs, les découragements, puis les rivalités et les tiraillements, et finalement une crise. L’impossibilité d’avancement régulier dans un établissement unique, sans débouchés ; l’avancement, quand il a lieu, abandonné au bon vouloir d’une administration trop souvent en opposition absolue de tendances et de préférences avec celle qui l’a précédée, voilà, l’expérience nous l’a appris, la cause de la plupart des troubles.

Alors, quelle est le remède à cette situation ? Il est énoncé clairement : Votre sous-commission a été ainsi conduite à reconnaître que la première condition du relèvement des études astronomiques en France est la création d’Observatoires indépendants, qui puissent offrir au personnel trop nombreux de celui de Paris des débouchés suffisants ; entre lesquels pourra s’établir un roulement du personnel permettant un avancement régulier ; qui pourrait offrir, enfin, des refuges à ceux qu’une incompatibilité d’humeur forcerait à quitter leur première résidence. Elle vous propose donc d’émettre tout d’abord le vœu que le Gouvernement veuille donner suite aux négociations déjà entamées avec les villes de Bordeaux, Lyon, Dijon et Besançon ; que de semblables ouvertures soient reprises avec Montpellier et faites à d’autres villes, particulièrement aux chefs-lieux d’Académie qui possèdent des Facultés des sciences, dont l’enseignement théorique trouvera dans un Observatoire un complément utile.

De nouveaux observatoires ? Certes, mais il faut de jeunes astronomes qui seront appelés à les diriger :
... l’Observatoire de Paris devra s’occuper activement de former de jeunes astronomes en état d’être délégués à la direction des établissements que l’on sera parvenu à fonder. Mais les personnes ainsi détachées de l’Observatoire de Paris, doivent pouvoir y revenir plus tard, si les besoins du service l’exigent, ou si elles n’offrent pas, au point de vue administratif, les qualités qu’on peut exiger d’un bon directeur. C’est à ce besoin d’un lien permanent entre les Observatoires que nous avons cherché à pourvoir par la rédaction de l’article 1er du projet de décret que nous vous proposons, et qui établit ce qu’on peut appeler l’état des astronomes. Une fois entré dans la carrière, l’astronome, aide, adjoint ou titulaire, est en possession d’un titre qu’il ne perd point, quelles que soient ses fonctions et sa résidence. De plus, l’avancement soit de grade, soit de classe, est soumis à des garanties qui, nous l’espérons, satisferont à de légitimes inquiétudes. En vertu de cette organisation, les astronomes, ne sont plus isolés dans le vaste ensemble des administrations. Ce ne sont plus des échappés des autres carrières qui entrent à l’Observatoire souvent sans vocation, et qu’on est forcé d’y garder si l’on ne veut les remettre sur le pavé. Le personnel astronomique forme un corps homogène, se gouvernant lui-même, et comme conséquence l’administration supérieure n’a plus besoin de confier à d’autres corps savants la tutelle et le contrôle des Observatoires.

Finalement, c'est le 13 février 1873 qu'est publié le décret qui réorganise l'Observatoire de Paris, et crée les Observatoires des départements. Les conditions d'établissements de ces derniers sont précisées :
ART. 7. – Les Observatoires des départements sont dirigés par un astronome directeur. Le directeur est chargé de la publication des travaux et de la correspondance. Il propose au Ministre les avancements de grade et de classe, et les augmentations d’appointements des fonctionnaires placés sous ses ordres. Le directeur et les observateurs sont logés par l’Etat ou par la ville, à proximité des bâtiments d’observation. Chaque année, le matériel et la comptabilité de l’Observatoire sont inspectés par un délégué du Ministère de l’Instruction publique et par un délégué du Conseil général ou de la municipalité, dans le cas où le département ou la ville contribue aux dépenses de l’Observatoire.
Les observatoires des départements sont déchargés des travaux météorologiques.
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Note 19 : Le ciel nocturne n'est pas noir, comme on pourrait le croire. L'analyse spectrale montre qu'il émet une très faible lumière riche en informations sur la physique de notre atmosphère et de l'environnement de notre planète.
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Note 20 : On appelle observatoire de mission un observatoire où il n'y a que très peu d'astronomes résidant en permanence. Le personnel y est essentiellement technique : personnel d'entretien, personnel d'accueil des missionnaires si le fonctionnement est ainsi fait, techniciens de nuit chargés de manipuler les télescopes, etc ... Il dépend d'un établissement lointain qui se charge de sélectionner des astronomes auquels on accorde un certain temps d'observation sur l'un des télescopes.
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Note 21 : En 1874, par exemple, voici ce qu'il écrit : "M. André n'a fait rien de sérieux et ne fait rien pour l'Observatoire. M. Delaunay avait eu raison en lui refusant toute espèce d'avancement". On comprend que Le Verrier n'était pas du tout d'accord avec la visuon qu'avait de l'astronomie le jeune Ch. André ! Mais ce dernier avait généralement des problèmes avec l'Administration, qu'il n'aimait pas trop voir se mêler de ses affaires semble-t-il. Il était noté, comme tous les astronomes, et en 1899 on écrit : "Caractère peu agréable, parfois emporté jusqu'au delà des convenances". En 1908 : "Monsieur André est un excellent professeur, très clair, très précis, et fort apprécié de ses élèves malheureusement devenus trop peu nombreux depuis que l'astronomie ne figure plus au programme de l'agrégation de mathématiques". En 1910 : "Si l'administrateur était à la hauteur du savant, je n'aurais qu'à m'associer au jugement de Mr le Doyen. Malheureusement, M. André n'aîme pas ce qu'il appelle les paperasseries, terme dans lequel il englobe tous les documents administratifs ... Ce n'est plus de la distraction -excusable- de savant, c'est de la manie et, peut-être, de la mauvaise volonté". (source : s17).
Une fiche assez complète de Ch. André est consultable sur ce site WEB :(s2).
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Note 22 : Technique ancienne qui consistait à bâtir des murs épais avec une préparation à base de terre tassée entre deux appareillages provisoires de planches (les banches), préparation structurée par un maillage lâche de minces zones de mortier de chaux. Les murs étaient très généralement enduits pour les mettre à l'abri de la pluie, mais pas toujours. Cela donnait des parois assez isolantes sur le plan thermique, peu coûteuses, mais ne supportant ni le ruissellement, ni l'immersion comme on s'en doute.
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Note 23 : Détermination de la distance Terre-Soleil grâce à l'observation d'un passage de Vénus.
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cadastre Ste-Foy
Note 24 : Pour les habitants de Ste-Foy ou d'ailleurs, curieux de connaître la localisation qui était envisagée, voici à droite le plan cadastral annoté par A. Lafon en 1874 (cf. Archives Municipales de Lyon, dossier Observatoire) :

Site de Ste Foy

Le site choisi en 1874 par la Commission.
La voie qui court du Sud-Ouest (en bas à gauche)
au Nord-Est est le Chemin de la Courtille.
Le cimetière s'est beaucoup développé vers le S-O,
et l'urbanisation a tout envahi bien entendu.
(Image Google Earth)

 
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Note 25 : Par "taille modeste", on entend "de petit diamètre". Le diamètre est la caractéristique essentielle d'une lunette (ou d'un télescope) astronomique. Pour deux raisons. La première est évidente pour chacun : plus l'objectif (la lentille ou le miroir d'entrée de l'instrument) est de grande taille, plus sa superficie est importante et plus il collecte de lumière venue de l'astre observé. Un instrument de plus grand diamètre, toutes choses égales par ailleurs, permettra donc l'observation d'objets plus faibles. Par exemple d'étoiles plus lointaines.

Airy
Tache
d'Airy
La seconde raison est plus subtile : les étoiles sont beaucoup trop lointaines pour que leur étendue soit observable (à une exception près, Bételgeuse, encore s'agit-il d'une prouesse technique peu impressionnante pour des yeux profanes). En clair : une étoile nous apparaît toujours comme un simple point lumineux, plus ou moins coloré, plus ou moins brillant. La nature ondulatoire de la lumière fait que l'image d'un point lumineux, et donc d'une étoile, est une figure particulière appelée figure d'Airy du nom d'un physicien anglais : un disque contenant presque toute la lumière, et un système d'anneaux concentriques, très faibles, autour de ce disque appelé la tache d'Airy. Plus le diamètre du télescope est important, plus le diamètre de la tache est faible. Si on imagine deux points voisins dans le ciel (deux étoiles qui apparaissent très proches l'une de l'autre, ou deux détails d'un même objet), dire qu'on les voit séparés c'est dire que leurs taches d'Airy respectives sont vues séparées. Ceci sera observé d'autant plus facilement que leurs taches d'Airy seront plus petites. Le résultat, c'est qu'un télescope de plus grand diamètre est capable, en principe, de distinguer des détails plus fins, ou de séparer des étoiles plus proches, qu'un télescope de plus petit diamètre.
Airy
Les tavelures dues
à la turbulence atmosphérique.
En principe seulement, car la lumière qui nous est parvenue de l'étoile a dû traverser l'atmosphère terrestre avant d'atteindre notre télescope. Et cette atmosphère est toujours plus ou moins agitée, ce qui fait que dans la réalité on ne voit pas la tache d'Airy, mais un magma bouillonnant de petites taches qu'on appelle des tavelures. En quelque sorte, chaque tavelure provient d'une tache d'Airy correspondant à une image instantanée de l'étoile donnée par une petite zone homogène de l'onde lumineuse arrivant de l'étoile. Ce qui explique pourquoi un grand instrument est hélas plus sensible à la turbulence atmosphérique qu'un petit : sur son objectif se trouvent plus de ces "petites zones", et il produit plus de tavelures. À tout instant, il y a donc un grand nombre de ces tavelures, dont les positions changent sans cesse au gré de la turbulence.
Si l'on fait une pose longue, tout ceci se moyenne, et on obtient une "image de l'étoile" qui est une vilaine tache floue d'un diamètre très supérieur (10 à 100 fois, selon l'agitation atmosphérique) à la tache d'Airy que l'on attendrait en l'absence d'atmosphère. On perd donc beaucoup en résolution spatiale en observant depuis la surface terrestre ; mais c'est tellement moins cher et tellement plus pratique que de mettre un télescope dans l'espace ! Et puis on sait aujourd'hui, avec des techniques d'optique adaptative, corriger en grande partie la turbulence atmosphérique quand elle n'est pas trop importante ...

Tout ceci explique pourquoi le choix d'un site astronomique (aujourd'hui particulièrement mais cela aurait aussi dû être fait pour le choix du site de l'Observatoire de Lyon) passe entre autres par une étude soigneuse de la turbulence atmosphérique qui gouverne ce qu'on appelle la qualité d'image, ou souvent seeing en bon franglais. C'est ce genre d'étude (avec plus de paramètres bien sûr) qui a progressivement amené à réduire drastiquement le nombre de sites acceptables sur Terre pour les très grands télescopes d'aujourd'hui. Jusqu'à cette très courte liste : Hawaï, Chili, Canaries.
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Note 26 : Le rapporteur, à ce sujet, cite longuement Charles Wolf qui depuis des années fustige la formation purement théorique des astronomes français. Il lui attribue le déclin considérable de cette science dans notre pays, marqué par la quasi-disparition des observatoires hors Paris. Il faut bien voir que c'est une critique très fondée d'une astronomie française ou les virtuoses de la mécanique céleste, genre Le Verrier, étaient élevés au rang de Maîtres absolus, de modèles ultimes. Certes, la mécanique céleste française était réputée, mais l'absence criante de spécialistes utilisant la spectroscopie ou la photographie astronomique faisait de notre pays une sorte de musée de la science des astres. Parmi les exceptions, C. Wolf, une des victimes de Le Verrier, ardent promoteur de l'observation et de la spectroscopie à laquelle il avait formé Ch. André et G. Rayet. Mais seul ce dernier s'en souviendra ...
Pour en savoir beaucoup plus sur C. Wolf, consulter sur le WEB l'excellente notice d'A. Brémont : http://www.soaslyon.org/index.php/histoire-de-l-astronomie/biographie/95-wolf-charles
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Note 27 : Le rapporteur Noguès présente cette liste comme une extension modernisée de celle adopté par l'observatoire météorologique de Paris-Montsouris.
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Note 28 : Tout comme Ch. André, Charles Wolf faisait partie des innombrables personnes méprisées et persécutées par Le Verrier, et sa carrière souffrit beaucoup des agissements de ce directeur ... toxique. En janvier 1870, et ce n'est qu'une péripétie parmi mille autres, Wolf, André et Rayet furent dans une démission collective des treize astronomes de l'Observatoire de Paris !
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Note 29 : L'histoire de Jean Merlin et de sa disparition est contée dans un article spécifique. Revenir à l'accueil, et cliquer sur Observatoire de Lyon / Elles & Ils ont travaillé là / Jean Merlin.
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Note 30 : L'installation à Lyon d'un équatorial coudé est contée dans un article spécifique. Revenir à l'accueil, et cliquer sur Observatoire de Lyon / Lunettes & télescopes / L'équatorial coudé.
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Note 31 : C'était un manuel officiel, aux XVIIIe et XIXe siècle, des séminaires français. Il exposait un cartésianisme adapté à la foi catholique, dans l'esprit des idées très orthodoxes de Thomas d'Aquin. Pour en savoir beaucoup plus, on peut par exemple consulter cet article traitant de la scolastique, au ton assez rafraîchissant, tirée d'un ouvrage rare, l'Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure :
http://www.encyclopedie-anarchiste.org/articles/s/scolastique.html
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Note 32 : Par exemple dans le quotidien "Le salut public", avec entre autres un article enflammé du 24 août 1877 dont voici quatre extraits savoureux :

Salut Public, août 1877

Les lyonnais critiquent l'installation
d'un observatoire astronomique ...
 
 
Salut Public, août 1877

... à St-Genis-Laval, avec l'abandon
de la météorologie, ...
 
 
 
Salut Public, août 1877

... on ne le dira jamais assez ...
Salut Public, août 1877

... bref, l'échec est assuré.

 
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Séléniens qui ont apporté leur concours à la création de cet article

Par ordre alphabétique : Gilles Adam, Bernard Rutily, ...

Mise à jour du 6 septembre 2016